La télémédecine peine à convaincre

9 avril 2020 à 18h46 - Modifié : 10 mai 2021 à 10h59 par Estelle Burckel

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La téléconsultation semble se généraliser en raison de l'épidémie du Covid-19. Mais qu'en sera t-il

En pleine crise sanitaire, les médecins généralistes ont de plus en plus recours à la télémédecine pour éviter les salles d'attente bondées et pour respecter les mesures de confinement. S'il est massivement utilisé en cas de crise, ce mode de consultation peine encore à convaincre. 

Il aura fallu un temps de crise pour que la téléconsultation devienne un outil indispensable en médecine générale. Difficile d'imaginer des salles d'attentes remplies alors qu'il faut au minimum 1 mètre de distance entre chaque patient. La téléconsultation constitue ainsi un moyen plus sûr de prendre rendez-vous chez le médecin, surtout en plein confinement. D'autant plus que depuis le 15 septembre 2018, les téléconsultations sont remboursées par l'Assurance Maladie. Tout semble donc réussir à cet outil qui fait gagner du temps pour le patient et pour le médecin tout en respectant les gestes barrières.

Pourtant, le docteur François-Xavier Schelcher, médecin généraliste à Fréland et président du syndicat MG du Haut-Rhin, apporte un autre regard sur la téléconsultation : "c'est vraiment un outil à utiliser en situation dégradée qui limite énormément le champs des possibles. Il peut (l'outil) s'adapter à des situations de type administratives, à des évaluations de la nécessité ou non d'une consultation présentielle, mais notre métier est quand même un métier clinique. On aura quand même toujours besoin d'écouter un coeur, des poumons, de palper un abdomen. Je ne crois donc pas que la téléconsultation soit aujourd'hui le signe d'une révolution dans notre pratique. J'ai vraiment aujourd'hui la sensation de travailler en mode "dégradé", c'est-à-dire répondre à une situation urgente parce qu'il y a une nécessité pour nous protéger nous et nos patients, mais j'espère pouvoir retrouver une forme de normalité par la suite."

Autre point négatif pour Elisabeth Pénide, médecin généraliste à la Maison de santé du Neuhof à Strasbourg, la téléconsultation peut être discriminante, telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui : "La procédure de Doctolib oblige les gens à donner une carte bancaire pour s'inscrire à une téléconsultation, ce qui est très discriminant par rapport aux gens qui sont à la CMU, qui ont une ACS (Aide à la Complémentaire Santé), qui ont des difficultés financières ou qui n'ont tout simplement pas de carte bancaire."

Ainsi, selon le docteur Pierre Tryleski, médecin généraliste à Strasbourg et président du syndicat MG Bas-Rhin, le système actuellement utilisé par de nombreux médecins seraient celui fourni par le groupement pour le système d'information du Grand Est, Pulsy, qui donne "un système de téléconsultation gratuit et qui ne nécessite pas une installation compliquée, même s'il est moins fluide que Doctolib".