"Nous vivons dans un monde apocalyptique" : Oxmo Puccino aux Bibliothèques idéales à Strasbourg

25 juin 2021 à 19h30 - Modifié : 8 novembre 2021 à 12h14 par Anne-Sophie Martin

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Oxmo Puccino /@ Editions JC Lattès

Le rappeur Oxmo Puccino a participé à l'événement les Bibliothèques idéales ce vendredi 25 juin à 21h à Strasbourg à l'Opéra du Rhin. Il a proposé une lecture musicale de son premier roman "Les réveilleurs de soleil" paru aux éditions JC Lattès. Une histoire d'amitié sur la transmission, qui évoque l’urgence écologique.

Ecoutez l'interview d'Oxmo Puccino au micro d'Anne-Sophie Martin.

Extraits de l'interview d'Oxmo Puccino

Vous proposez ce soir une lecture musicale de votre premier roman Les réveilleurs de soleil. 

Ce sera ma littérature conduite par le rythme qui a été inscrit dans le texte et ça sera entrecoupé d'animations musicales à la guitare par Eddy Purple, qui m'accompagne.
 
Il faut me voir comme un conteur, un troubadour, qui vient raconter des histoires sur la place du village. J'ai écrit une histoire que je veux intemporelle même si elle peut s'inscrire dans l'actualité.

Présentez-nous votre premier roman Les réveilleurs de soleil, qui est sous la forme d'un conte ? 

C'est l'histoire d'une petite fille qui vit dans un monde où le soleil ne se lève plus. Son grand-père étant végétarien, phytothérapeute et agriculteur, elle est bien embêtée. Par la force des choses, elle va être amenée à ramener le soleil par tous les moyens. Comme dans la vie, ça transforme cette quête en parcours initiatique au travers de rencontres que tout le monde peut effectuer.
 
Dans votre roman, vous évoquez la nature, l'amitié et l'énergie de la jeunesse ?
 
Plutôt l'espoir et la transmission. Parce que l'énergie de la jeunesse sans l'expérience, c'est compliqué, c'est de l'usure. J'ai voulu mettre de l'amitié parce que sans amis nous sommes des entités un peu seules. Ce que j'ai voulu mettre en exergue c'est la transmission et le fait d'être ensemble pour faire quelque chose. Tout seul c'est compliqué même si on ne s'aime pas.
 
Vous évoquez aussi les affres de la célébrité ?
 
Bien sûr. Moi je pense à une citation d'Andy Warhol qui dit que bientôt grâce à la télé tout le monde aura son quart d'heure de célébrité. En fait, il ne pouvait pas imaginer internet. Aujourd'hui, tout le monde est célèbre d'une certaine manière, tout le monde s'expose, tout le monde est suivi par des personnes qu'il ne connaît pas, on devient célèbre en un clin d'œil. Bien que ce soit plus accessible, ça ne rend pas la célébrité plus facile. Quelle que soit la hauteur de la célébrité. C'est drôle parce que tout le monde est un peu une star, un artiste.
 
Vous appréciez observer la nature, vous aimez assister à l'aube, au lever du soleil.
 
Je suis un contemplatif comme Rousseau. Vous me mettez dans un parc, un bateau, à la montagne, je suis heureux. Je suis un passionné de pêche. Pour attraper le poisson, c'est soit le soir, soit à l'aube.
 
Oxmo Puccino /@ Editions JC Lattès
Votre roman commence sur un ton apocalyptique, vous écrivez "Encore un matin où le Soleil ne s’est pas levé. (...) L’esprit de survie a chassé la joie. C’est à croire que le temps n’existe plus". Etes-vous sensible aux problématiques actuelles de l'écologie ?
 
L'écologie est une espèce d'anomalie de langage dans le sens où la nature est quelque chose qui a toujours existé, avec ou sans nous. Nous avons tellement abimé cette nature que, lorsque dans le décor que nous avons créé il y a un petit peu de nature, ça devient de l'écologie. C'est une aberration. Nous faisons partie de la nature. On parle d'écologie aujourd'hui parce que nous sommes en rupture avec nos racines. On parle d'écologie pour ne pas parler de pollution, pour ne pas parler de ce cercle vicieux dans lequel nous sommes, duquel on ne peut plus sortir pour des raisons industrielles et économiques qui creusent cette rupture, cette fissure, avec notre fondement qui est la nature. C'est un processus qui a été très long depuis l'époque où on vivait des graines et de la chasse.
 
Nous vivons dans un monde apocalyptique. Il y a du plomb dans l'eau, les poissons sont pleins de plastique, la couleur de l'eau a changé. Lorsque le monde s'est arrêté avec le confinement, elle est redevenue claire, les poissons sont revenus, les animaux revenaient en ville.
 
Il y a des pays où on ne voit plus le ciel à cause des cheminées des usines. On parle des pesticides sur les légumes. On parle de laver les légumes avant de les manger au bicarbonate de soude, après les avoir cueillis. Le monde est apocalyptique. Il y a des endroits sur terre où c'est l'apocalypse. Vous allez dans des mines au Congo où des enfants exploitent le minerai toute la journée... (...)
 
Bien sûr, un travail est fait pour sauvegarder la planète mais ça reste petit par rapport au rythme à laquelle nous allons vers une situation qui ne nous sera pas favorable. La nature va nous survivre quoi qu'il arrive.
 
Quels sont vos projets après la sortie de votre premier roman ?
 
Je pense au cinéma. J'ai déjà tourné dans quelques projets qui vont bientôt voir le jour (...) J'ai joué récemment pour Éric Baudelaire, pour un film d'art et d'essai qui devait sortir cette année. Mais en raison des conditions actuelles, la sortie a été retardée.
 
J'ai d'autres projets d'écriture. J'ai une quarantaine de carnets de notes depuis vingt ans. Ça fait vingt ans que je note la plupart des idées qui me passent par la tête et qui méritent d'être retenues. J'ai toujours un carnet dans la poche.