Cirque franco-belge : Bras de fer à Strasbourg

13 août 2024 à 15h13 par Tom Herga

Les chameaux présents au Cirque franco-belge place de l'Abattoir à Strasbourg

Crédit : Top Music - TH

Le Cirque franco-belge installé place de l’Abattoir à Strasbourg depuis le 10 août est dans le collimateur de la municipalité. Par voie de communiqué, la ville de Strasbourg avait sommé la troupe de quitter les lieux avant d’engager une procédure d’expulsion en raison de la présence d’animaux sauvages dans le cirque.

C’est un nouveau bras de fer entre la ville de Strasbourg et la préfecture du Bas-Rhin. Installé depuis le 10 août place de l’Abattoir (à côté du IKEA, secteur marché gare), le Cirque franco-belge s’est attiré les foudres de la ville de Strasbourg. La municipalité avait adopté en 2018 une motion interdisant l’exploitation et la captivité des animaux sauvages dans les cirques. Le Cirque franco-belge possède en effet plusieurs espèces sauvages comme des bébés tigres ou des lions. Pourtant, le texte de loi interdisant les animaux sauvages dans les cirques itinérants ne prendra effet qu’en 2028. Cette motion ne tient donc pas face à la loi.


Une bataille juridique


Le directeur du cirque, Serge Muller évoque les propos de la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, qui aurait rappelé « que la présence du cirque ne pouvait être interdite » lors d’une réunion avec des élus en mai dernier. « La maire de Strasbourg a voulu empêcher les cirques de venir avec les animaux mais malheureusement cette décision est hors la loi donc on a dû saisir la préfecture. Un élu ne peut pas décider s’il veut ou non un cirque ou une fête foraine. Au lieu de demander l’avis des habitants, Madame la maire punit arbitrairement 300 000 Strasbourgeois », estime le circassien. En réponse, la municipalité rappelle qu’elle n’a jamais autorisé le cirque à s’installer. : « Le cirque a formulé une demande d’installation le 30 juillet à laquelle la collectivité a répondu qu’il n’y avait pas de terrain disponible pour le moment », explique Pierre Ozenne, adjoint à la maire en charge des espaces publics à nos confrères des DNA. L’Eurométropole a engagé une procédure d’expulsion. C’est en tout cas une bataille juridique qui continue de faire parler.


La SPA s’en mêle


La SPA de Strasbourg est également montée au créneau. Par voie de communiqué, son président Clément Moeglin, appelle au boycott des spectacles. « Ces animaux exposés pour le plaisir des humains sont retenus prisonniers dans des conditions inadmissibles, incompatibles avec les besoins de ces espèces, tout simplement indignes ! », écrit-il. Serge Muller est allé faire un tour du côté de la SPA de Strasbourg située à seulement quelques mètres du cirque itinérant, il renvoie la balle en dénonçant à son tour les conditions de détention des animaux au sein de l’association. « Je suis allé les voir parce qu’on était en "bisbille" avec eux. Là-bas, les chiens ont trois m² d’espace et sont en plein soleil. Nous, nous avons des tentes et on applique la loi. Nos animaux sont bien traités et ne sont pas malheureux. », raconte le gérant qui invite les gens à venir visiter gratuitement la ménagerie contenant une cinquantaine d’animaux afin de se faire son propre avis.



Le communiqué de la SPA de Strasbourg, datant du jeudi 8 août 2024 / @Facebook - SPA Strasbourg


La fin du cirque en 2028 ?


L’interdiction des animaux sauvages dans les cirques itinérants sera en vigueur d’ici à 2028. De quoi laisser quatre années de répit à Serge Muller et sa troupe. Les lamas, chevaux, dromadaires ou chameaux que possède le cirque seront toujours autorisés. En ce qui concerne les bébés tigres et les lions, le circassien devra s’adapter. « On n’en est pas encore là… mais nous avons nos refuges à nous », rappelle-t-il. Serge Muller promet en tout cas, qu’il gardera ces animaux. Il s’interroge néanmoins sur la mise en place de cette nouvelle loi. « On les aime comme nos enfants, on donnera nos fauves à aucune association. Pour l’instant, aucun refuge n’a été fait pour les animaux. Il reste 650 fauves dans les cirques. Faire des refuges, ça vaut une fortune ! Déjà que l’État n’a pas d’argent pour payer les choses prioritaires en France, alors enlever les animaux qui sont bien dans les cirques ou dans les zoos ce n’est pas sérieux ! », dénonce t-il. Le directeur du Cirque franco-belge Serge Muller, promet qu’il restera quoi qu’il arrive jusqu’au 15 août sur la place de l’abattoir à Strasbourg.