Crémant : les producteurs alsaciens se rebellent

25 juillet 2023 à 9h54 - Modifié : 26 juillet 2023 à 11h13 par Sébastien RUFFET

Le Crémant d'Alsace, futur label ?

Crédit : @Top Music - SR

Pas question de rogner sur la qualité. C'est un peu le message qu'a décidé d'envoyer le Syndicat des Producteurs de Crémant d'Alsace en démissionnant de la Fédération Nationale des Producteurs et Elaborateurs de Crémant qui souhaitait des aménagements et assouplissements sur les règles de production.

Il y aura désormais le Crémant d'Alsace, et les autres. Depuis quelques années, le Crémant rencontre un grand succès, avec la preuve désormais qu'il est bien plus qu'un "sous-champagne", mais bien un effervescent de qualité, avec ses propres codes et spécificités. Avec 39 millions de bouteilles écoulées en un an, l'appellation Crémant d'Alsace a ainsi battu tous ses records. Une situation qui aiguise bien des appétits et certains producteurs aimeraient aller plus vite, plus loin, ce qui n'est pas forcément du goût du Syndicat des Producteurs de Crémant d’Alsace (SPCA). Ces facilités ne seraient ainsi "pas en phase avec les valeurs qualitatives que le Conseil d’Administration souhaite véhiculer et auxquelles il aspire à l’unanimité de ses membres", selon un communiqué tranchant. 


Charles Schaller, le président du SPCA, n'y va pas par quatre chemins viticoles, et dessine en creux une volonté des coopératives de faire encore plus de volume au détriment de l'exigence : "Les démissions de l’ensemble des caves coopératives alsaciennes en tant que membres du Syndicat des Producteurs de Crémant d’Alsace, jusque-là composé de l’ensemble des trois familles viticoles régionales (vignerons indépendants, producteurs-négociants, caves coopératives), apportent cependant une certaine clarification des objectifs."


Quel est le problème ? 


Parmi les "nouveautés" souhaitées par certains groupes, et soutenues à l'échelon national, il y a l'utilisation de la machine à vendanger, qui est "contraire à nos ambitions qualitatives alors même que nous avions réussi à inscrire dans le marbre du Règlement Communautaire une version plus restrictive qui oblige à la récolte manuelle, gage incontestable de qualité et de garantie d’acheminement des raisins entiers jusqu’au pressoir", selon Charles Schaller. 


Autre point de friction : la réduction de la durée de commercialisation, qui passerait de 12 à 9 mois, y compris dans des régions qui n'auraient pas été soumises à catastrophe naturelle. Un élevage moins long, pour un résultat forcément un peu moins qualitatif. 


Le SPCA n'en démord pas, "nos politiques viti-vinicoles s’éloignent semble-t-il, et les efforts auxquels nos générations précédentes auront consentis semblent être oubliés. Ils sont pourtant incontestablement le fruit du succès de notre appellation Crémant d’Alsace, et de nos huit appellations Crémant en général."


La suite n'est pas écrite, mais il apparaît que les producteurs de Crémant d'Alsace vont sans doute devoir se démarquer d'une manière ou d'une autre. Un nouveau label pourrait-il voir le jour ? La bataille du Crémant est lancée. 


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