Les syndicats des HUS interpellent les députés alsaciens
Publié : 11 janvier 2024 à 17h29 - Modifié : 12 janvier 2024 à 12h27 par Sébastien RUFFET
Des difficultés de plus en plus grandes à Strasbourg
Crédit : @Top Music
L'hôpital tiendra-t-il ? Les alertes sont de plus en plus nombreuses, et depuis l'épisode Covid, rien n'a vraiment changé. Manque de moyens, de matériel, de personnel : l'hôpital, en France, est à bout de souffle, et les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg en sont un triste exemple.
Cela devrait être une grande cause nationale. A l'image de l'éducation, la santé devrait être une priorité. Mais les syndicats continuent de déplorer des manques de moyens, humains et matériels, face à une activité qui ne risque pas de ralentir. En 2022, le gouvernement avait consenti à une "rallonge" de 543 millions d'euros, mais qui ne faisaient qu'éponger les surcoûts liés à la crise Covid. Dans la foulée, des augmentations de salaires et du point d'indices avaient été annoncés. Des bonnes nouvelles, certes, mais qui n'ont pas trouvé de prolongements qui marqueraient une rupture positive dans la considération de la santé.
C'est un peu pour ça que la CFTC s'est fendue cette semaine d'une lettre ouverte, envoyée à tous les députés alsaciens, quelle que soit leur orientation politique. La voici.
"Objet : Situation des urgences aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (HUS)
Monsieur le Député,
Le Syndicat Départemental Santé Sociaux et la Section des HUS vous alertent sur la situation dramatique que rencontre le Service des urgences au Nouvel Hôpital Civil (NHC) et sur le site de Hautepierre.
Plusieurs causes sont à l’origine des difficultés qui impactent le bon fonctionnement et donc, la capacité à fournir des soins de qualité.
- La pénurie de médecins et d'infirmiers entraîne une charge de travail excessive pour le personnel, des temps d’attente trop longs pour le patient et une « perte de chance » due à une prise en charge inappropriée.
- L’engorgement de ces services est lié à l’augmentation de la demande de soins d’urgence, en partie due à la fermeture de services identiques des villes périphériques et au vieillissement de la population, mais également à la suite de la directive du Ministre de la Santé qui stipule « qu’en cas d’absence du médecin généraliste l’usager doit appeler le 15 ».
Pour exemple : une Unité Mobile non médicalisée a été déployée devant les urgences du NHC pour répondre à l’afflux de patients et libérer les véhicules de secours d’urgence.
- En raison du manque de ressources financières qui génère une pénurie de matériel, celle-ci entraîne des conséquences graves, voire irréversibles.
Pour exemple : à peine 4 bouteilles d’oxygène déjà entamées sont disponibles pour 3 unités, le service d’accueil et de déchocage.
Pour la CFTC ces situations sont inconcevables et inacceptables.
Les « Soldats Blancs », dixit le Président de la République, ont le moral en berne. Les longues heures de travail, les rythmes soutenus et le stress constant affectent la santé physique et mentale du personnel soignant. Ce contexte alarmant entraîne une perte de motivation et de satisfaction professionnelle, ce qui conduit à une démission silencieuse.
Pour la CFTC et ses valeurs humaines, l’Unité Mobile ressemble plus à un « dépôt » qu’à un service de soin digne de ce nom. Le respect du principe de l’éthique est bafoué.
Où est l’Humain ?
Monsieur le Député, la CFTC vous demande de bien vouloir soumettre nos inquiétudes au gouvernement via l'Assemblée Nationale sur le délabrement des Urgences.
Quelles issues ?
En espérant que vous prendrez notre demande en considération, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Député, nos salutations respectueuses."
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Sollicités par Top Music, voici ce que deux d'entre eux ont pu répondre :
Pour Vincent Thiébaut (groupe Horizons et apparentés), le député de la 9e circonscription du Bas-Rhin (Haguenau), "les problèmes notés dans le courrier sont malheureusement récurrents et nationaux. On a aujourd'hui beaucoup de médecins et d'infirmières en formation, mais c'est sur du temps long. Je connais mieux la situation de l'hôpital de Haguenau, mais à un moment il y a une problématique d'accès à la médecine libérale au-delà d'une certaine heure, qui fait que ça vient gonfler les urgences. C'est un modèle que l'on doit revoir. Comment assurer la bonne continuité des soins, la permanence des soins qui n'est aujourd'hui portée que par les hôpitaux civils. Des moyens ont été mis notamment sur des rattrapages financiers. Les HUS étaient dans une situation assez compliquée, il y a eu un effort pour pouvoir continuer à investir. Nous patissons aujourd'hui d'une situation déjà identifiée avant Covid. J'avais interpellé le ministre Aurélien Rousseau avant sa démission sur les problématiques financières : l'hôpital de Haguenau a toujours été plus ou moins à l'équilibre, mais avec les revalorisations et primes, c'est un surcoût de 8 millions d'euros en masse salariale, plus le coût de l'énergie, donc on passe d'une situation à l'équilibre à un déficit de 10 millions d'euros, donc il faut revoir le modèle de tarification. C'est un modèle basé sur l'acte et il faut qu'on se penche de manière plus avancée sur la régulation de la médecine libérale. La médecine libérale, elle, est financée par la sécurité sociale, qui représente une majorité de leurs revenus, et ça vient des cotisations. Je répondrai en tout cas à ce courrier de la CFTC parce qu'il peut y avoir aussi un impact sur ma circonscription, en fonction des urgences ou des pathologies. Je suis ça avec attention."
Charles Sitzenstuhl (Renaissance), député de la 5e circonscription du Bas-Rhin (Sélestat) n'avait pas encore reçu ledit courrier, mais soulignait néanmoins que "dès que le nouveau ministre de la santé sera nommé, je l'alerterai tout de suite. Ce doit être un sujet prioritaire, et notamment Strasbourg avec cette situation des HUS qui a été vue dans certains médias nationaux." Si le député du Bas-Rhin reconnaît que la santé doit être un sujet qui va au-delà des étiquettes, Charles Sitzenstuhl estime toutefois que "tous les partis n'ont pas le même langage".
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