Marée noire de corbeaux dans le Haut-Rhin : colère des agriculteurs

3 décembre 2021 à 15h16 - Modifié : 3 décembre 2021 à 15h36 par Anne-Sophie Martin

Les corbeaux dans un champ à la limite entre Colmar et Horbourg-Wihr

Crédit : Yves Jauss

Les agriculteurs haut-rhinois s'inquiètent de l’invasion de corbeaux et de corneilles dans les parcelles agricoles. Selon la FDSEA du Haut-Rhin, leur surpopulation occasionne d’énormes dégâts  dans les cultures agricoles des campagnes, mais aussi de vrais problèmes de salubrité publique dans les villes.

Titre :Ecoutez l'interview d'Yves Jauss, agriculteur à Horbourg-Wihr au micro d'Anne-Sophie Martin

Selon le communiqué de la FDSEA du Haut-Rhin, les agriculteurs demandent que des mesures exceptionnelles soient prises, pour réguler la population d’oiseaux qui a prospéré de façon exceptionnelle.


La FDSEA a recensé les dégâts dus aux corvidés dans les céréales comme dans les productions de légumes. Les dégâts se montent à plus d’un million d’euros pour cette année 2021 et au moins 700 hectares de cultures ont été touchés dans le Haut-Rhin.Les corvidés – corbeaux et corneilles – s’abattent en nuées sur les semis de maïs et les jeunes plants de légumes, obligeant les agriculteurs et maraîchers à refaire leur travail deux, trois voire quatre fois.  "Les dégâts sont importants au printemps au moment de la nidification, dès que les semis de maïs germent, les corbeaux se servent sur la parcelle. Et le corbeau est un animal très malin, il est difficile de le déloger", précise Yves Jauss, agriculteur à Horbourg-Wihr.


La situation s’aggrave


Les dégâts avaient déjà augmenté de 50 % entre 2019 et 2020, et se sont accrus de 54 % entre 2020 et 2021.


Une opération-test a porté ses fruits cette année à l’est de Colmar


"Les actions entreprises en partenariat entre les agriculteurs, les collectivités locales, l’administration, les louvetiers et les chasseurs en charge de la régulation des nuisibles, ont permis d’épargner les semis et les légumes cultivés en belle quantité dans la commune Porte du Ried.


Mais d’énormes colonies se sont déployées dans la moitié sud du département, de Mulhouse aux frontières du Jura, et il est indispensable que tous les acteurs se mobilisent pour y faire face.Près de Colmar, les agriculteurs, premiers protecteurs et observateurs de la nature, constatent que la colonie est toujours très forte et savent que la régulation de cette surpopulation peut prendre du temps."


La FDSEA souhaite que des solutions efficaces soient mises en place.


LA FDSEA souhaite la stérilisation des corvidés et de leurs œufs, à l’image de ce qui se pratique dans notre pays pour les goëlands, très envahissants. 


La réintroduction de prédateurs, quasiment inexistants, serait aussi intéressante et les agriculteurs seraient prêts à y concourir : "Hibou grand-duc et palombe sont les seuls rapaces à pouvoir, dans notre région, se faire respecter des corvidés, qui n’hésitent pas à attaquer les buses quand elles volent trop près de leur territoire. Les corneilles se nourrissent aussi de la petite faune et mettent en danger l’équilibre d’autres espèces."


La FDSEA invite toutes les personnes confrontées aux dégâts occasionnés par ces oiseaux, y compris en ville, à se faire connaître auprès d’elle ou de leur commune, afin de poursuivre le travail de recensement des problèmes et de connaissance des différentes colonies vivant dans le département.