Racing : c'est quoi le problème ?
3 janvier 2023 à 12h20 - Modifié : 5 janvier 2023 à 14h05 par Sébastien Ruffet
La Meinau a grondé contre Troyes
Crédit : @Top Music - SR
Le Racing est-il à sa place ? Les stats correspondent-elles à l'impression parfois laissée sur le terrain ? La Ligue de foot donne des chiffres intéressants à analyser.
On a passé un petit moment à tout compiler et comparer. Si deux joueurs sortent du lot pour leur abattage (Bellegarde et Thomasson), des questions se posent sur l'impact physique et technique du Racing Club de Strasbourg version 2022-2023. Quelques éléments semblent incontournables, avec la réalité brute et brutale des chiffres. A chacun d'analyser, mais on a déjà notre petite idée.
Un gardien impérial ?
Pour les gardiens, la Ligue a produit le différentiel entre expected goals et buts effectivement concédés. A ce petit jeu, le gardien de Clermont Mory Diaw a sauvé 6.57 buts qui auraient dû être au fond selon la méthode mathématique. Le gardien strasbourgeois, Matz Sels arrive en 12e position avec un ratio de +0.22, c’est-à-dire qu’il a encaissé plus que ce qu’il aurait dû. Cela dit, à 0.22, c’est neutre, mais cela veut dire que le Belge n’a pas fait de miracles. Matz Sels a toutefois réalisé 51 arrêts (4e position) cette saison, mais il n’apparaît pas dans le Top10 en pourcentage d’arrêts. Dans le jeu au pied, le gardien du Racing n’est pas non plus dans le Top 10 de réussite sur les 6m.
La jeunesse ?
Expérience ou jeunesse pour performer en Ligue 1 ? Les clubs qui ont fait le choix de l’expérience le payent globalement. Ajaccio (29 ans et 101 jours), Auxerre (28 ans et 320 jours) et le Racing (27 ans et 290 jours) sont en haut de ce classement, mais en bas de la Ligue 1. Reims, Rennes, Lorient et Toulouse sont les quatre équipes avec une moyenne d’âge sous les 25 ans. Le moins bien classé, Toulouse, est 12e.
Une équipe qui court beaucoup ?
Les impressions sont parfois trompeuses. Si un sentiment d’apathie transparaît par moments, la réalité des chiffres est toute autre. Au nombre de kilomètres parcourus cette saison, le Racing est 2e derrière Rennes avec plus de 117km cumulés par match. Pour ce qui est de l’intensité, en revanche, ça redescend puisqu’en nombre de sprints, Strasbourg n’est que 14e avec 133 sprints par match, contre 168 pour Lens, le leader athlétique de la Ligue 1. Pour les courses à haute intensité, le RCSA se classe 11e avec 10km par match (11.5km pour Rennes, 1er, 8.9km pour Montpellier, 20e).
Des milieux qui cavalent ?
En-dehors du rapport collectif, deux joueurs sont exemplaires d’un point de vue physique : Adrien Thomasson et Jeanricner Bellegarde. « Jeanjean » abat 11.4km en moyenne par match, 6e meilleur score de tous les joueurs de Ligue 1. Au total des kilomètres parcourus, Bellegarde se classe 3e, derrière le Lensois Abdul Samed et le Lorientais Le Fée.
Adrien Thomasson, lui, se classe deux fois dans le Top 10 des plus grandes distances sur un match : 13.27km (4e) et 13.06km (10e). Top 10 complété par Dimitri Liénard et ses 13.27km aussi (4e ex aequo).
En revanche, dès qu’il s’agit de sprints et de courses à haute intensité, plus aucun Strasbourgeois n’apparaît parmi les meilleurs du championnat.
Une défense au contact ?
Sur le nombre de tacles par match, le premier strasbourgeois n’est que 40e. Alex Djiku effectue ainsi 2.19 tacles par match… On attend ensuite la 78e place pour trouver Ronaël Pierre-Gabriel avec 1.79 tacles/m. Alex Djiku se classe 31e au ratio des tacles réussis avec 1.38tr/m. Pour ce qui est des fautes commises, Gerzino Nyamsi en réalise 1.7 par match, soit le 14e total de Ligue 1. Faire des fautes n’est pas forcément une tare, sauf qu’en défense, c’est tout de suite une mise en danger de la défense sur coup de pied arrêté. Ce sont en général les milieux qui font le plus de fautes, pour couper des actions adverses. Le 2e strasbourgeois au nombre de fautes est… Maxime Le Marchand (55e, 1.31/m). Puis Doukouré (69e, 1.25f/m.). Signe d’une défense exposée et d’un milieu trop peu agressif.
Gagner les duels ?
Dans le domaine aérien, le Racing se montre assez dominant. 4e du classement avec 3.75 duels aériens gagnés par match, Ludovic Ajorque confirme son importance dans ce domaine. Habib Diallo (12e, 2.82) apporte aussi son gabarit pour peser sur les défenses. Derrière, Djiku (13e, 2.81) et Le Marchand (22e, 2.31) font aussi partie des spécialistes.
Sur les duels gagnés au sol, on peut compter sur l’increvable Jeanricner Bellegarde. Avec presque 6 duels gagnés par match, il figure à 7e place du classement. Le problème, c’est que le Strasbourgeois suivant, c’est Adrien Thomasson, 94e (!), avec 3.2 duels gagnés au sol par match.
Du déchet ?
Au ratio des passes réussies, les deux meilleurs strasbourgeois sont… des défenseurs. Djiku et Nyamsi ne sont pas des relanceurs de l’extrême, leur jeu est souvent assez sûr. On peut s’étonner de ne retrouver aucun milieu de terrain, signe d’une certaine fébrilité dans les transmissions. A titre de comparaison, dans le Top 20, on retrouve des joueurs comme Verratti, Gastien, Santamaria, ou Abdul Samed, tous des relayeurs de grande justesse.
Amener le ballon sur les côtés pour ramener un centre ? Le 3-5-2 était pour ça, mais avec quelle réussite ? Bellegarde, encore lui, en avait réussi avant la trêve 37 (4e meilleur résultat de Ligue 1), Liénard 15 (15e place). 55e, Thomas Delaine a réussi à placer 8 centres.
Quelles conclusions ?
Les Strasbourgeois, globalement, ne s'économisent pas, même si on peut avoir le sentiment que Bellegarde et Thomasson remontent très nettement la moyenne. Malgré tout, le Racing n'est jamais parmi les plus mauvais, quel que soit le secteur de jeu concerné. Passes, possession, centres, kilomètres parcourus... Si l'on compile un peu tout, le Racing fait partie du ventre mou du championnat. Alors pourquoi 19e ? Le simple facteur (mal)chance ? Ce qui semble certain, c'est que pour faire tourner la roue, il faudra un supplément d'agressivité dans les prochaines semaines. Parce que chaque point, désormais, va valoir cher.