Constance Schaerer et l'épopée Aconcagua

21 décembre 2022 à 14h48 - Modifié : 21 décembre 2022 à 22h06 par Sébastien Ruffet

Constance a gravi l'Aconcagua en Argentine, le 3e de sa quête des sept sommets

Crédit : @DR

Après le Kilimandjaro et le Mont Blanc, Constance Schaerer a gravi l'Aconcagua en Argentine (6962m), le 3e des "Sept Sommets" que l'Alsacienne envisage de gravir au profit de l'ICANS notamment.

Si le France-Argentine du mondial de foot a atteint des sommets de dramaturgie, l'Alsacienne Constance Schaerer gravissait elle-même l'Argentine et son plus haut sommet, l'Aconcagua. C'est déjà le 3e sommet gravi par Constance, qui s'est donné pour défi de dominer les "Sept Sommets", soit le plus haut sommet de chaque continent : Elbrouz, Kilimandjaro, Everest, Aconcagua, Massif Vinson, Mont McKinley et Puncak Jaya (ou Mont Kosciuszko selon la liste). Pour l'Europe, Constance a "remplacé" l'Elbrouz par le Mont Blanc, qui n'est pas non plus une partie de plaisir. Pour redonner le contexte : Constance gravit les Sept Sommets pour rendre hommage à son père, ainsi que pour aider des associations qui luttent contre le cancer, mais aussi l'ICANS, l'Institut de Cancérologie de Strasbourg.


A son retour d'Argentine, Constance nous a livré ses impressions et quelques anecdotes, passé les péripéties liées au pass vaccinal et la réorganisation de dernière minute pour ne pas transiter par New York.


Les yeux qui brûlent et des tentes pas hermétiques


"Le mercredi 30 novembre, on a commencé à grimper. Pas de problème jusqu'à Confluenza. Deux heures de marche, avec les mules qui portaient nos affaires. Là, on a retrouvé Maxime, qui a aussi pour projet de gravir les Sept Sommets, aussi pour lutter contre le cancer, on s'était rencontré dans le Jura. Le lendemain, on est parti pour le camp de base, avec 10h de marche. C'était super long, mais globalement ça s'est bien passé, mais arrivés au camp de base, Hugo ne se sentait pas bien, il avait hyper mal à la tête. Il n'a pas mangé, j'étais un peu inquiète. C'est lui qui filme, et si évidemment il n'est pas bien, ça pose problème pour la suite. Il a bu beaucoup de thé, et il a fait le maximum. Après, ça allait mieux. Je ne me sentais pas au mieux, j'avais les yeux qui brûlaient, mais finalement c'est passé aussi. Ensuite on a fait une journée de pause au camp de base. On avait des tentes pas du tout hermétiques, du coup la nuit, il faisait super froid, et comme ça gelait à fond, le matin avec le soleil, il pleuvait presque dans la tente (rire). On a rencontré des gens incroyables, on faisait des jeux le soir, des gens faisaient de la musique, c'était chouette."


Matériel récalcitrant et vent capricieux


"Après, on est monté au camp 1. On n'avait pas de porteur, donc on a porté l'eau et la nourriture au camp 1, on avait dans les 20kg sur le dos c'était super lourd. Au début, je me suis demandée comment j'allais faire, et puis j'ai senti que mon papa était proche de moi, j'ai presque eu l'impression qu'il portait mon sac jusqu'au camp 1 et c'est là que j'ai raconté à mon guide pourquoi j'étais là, et on a pleuré ensemble. Après ça on est redescendu au camp de base pour ensuite partir pour de bon pour six jours, sans internet, sans camp, avec des vraies tentes à trois, plus de toilettes non plus, plus d'eau, ou alors dans les lacs. Aux camps 2 et 3, on faisait fondre la neige pour boire. Au camp 2, on a eu deux journées de pause, mais avec énormément de vent, du coup on est pratiquement pas sortis de la tente ! A trois dedans, c'était très, très long, mais assez fun. Malheureusement, j'ai cassé mon matelas gonflable, j'étais à plat les trois dernières nuits, quand il faisait -20, -30°... Et j'ai cassé mon chargeur d'I-Phone la même heure, mais ça va, j'ai quand même pu prendre quelques photos après au sommet. Au camp 3, finalement, ça allait, personne n'avait mal à la tête, c'est assez rare, parce qu'il faut savoir qu'il n'y a que 30-35% de réussite pour cette ascension, des guides de Chamonix n'ont pas réussi. Il y a quelqu'un aussi qui a été rappatrié par hélicoptère avec 18% de taux d'oxygène, ce qui est extrêmement bas, et il est passé près de la mort. Les gens étaient globalement très malades, avec des maux de tête, des vomissements. La dernière montée, on n'était pas du tout sûrs de pouvoir réussir parce qu'il y avait énormément de vent, et on est parti quand même sans avoir la certitude d'arriver en haut. On est parti à 4h du matin, et je n'ai fait que prier pour que ce vent s'arrête ! Je disais à mon papa "je n'ai pas fait tout ça, aller jusqu'en Argentine, pour que tu me mettes ce vent !" On est arrivé à 6500m, à Independenzia, on a mis les crampons alors que je pensais qu'il allait nous dire on fait demi-tour. On a continué, on a traversé la Canaleta, qui est le passage un peu complexe du sommet, et après ça le vent s'est vraiment calmé, la météo était très bonne. Le guide nous a dit qu'on avait beaucoup de chance, parce que les jours suivants on n'aurait pas pu passer. Au sommet, c'était le soulagement absolu, Hugo et moi on n'était pas très bien. Le retour a été très, très difficile : je m'asseyais, je m'endormais. On est redescendu en deux jours, et on est repartis très vite en France.