En route pour les JO : Gwendal Bisch plonge sur Paris

20 mars 2024 à 11h20 - Modifié : 7 octobre 2024 à 15h30 par Jules Scheuer

Le plongeur Strasbourgeois Gwendal Bisch représentera la France aux JO de Paris.
Le plongeur Strasbourgeois Gwendal Bisch représentera la France aux JO de Paris.
Crédit : Gwendal Bisch

À quelques mois du lancement des JO de Paris, la rédaction de Top Music vous propose une série de portraits de sportifs alsaciens qui pourraient disputer cette compétition. Aujourd'hui, découvrez celui de Gwendal Bisch, plongeur français strasbourgeois de 25 ans, qualifié pour l’épreuve de plongeon à 3m des Jeux lors des derniers mondiaux début février à Doha.

Top Music : Le mercredi 7 février dernier, vous avez assuré une grosse performance en vous qualifiant pour la finale du plongeon à trois mètres. Est-ce que vous pouvez revenir sur cette journée de compétition?

Gwendal Bisch : Ce qui était dur avec cette compétition, c'est qu’elle était étalée sur deux jours. Certes, je me suis qualifié en finale le mercredi 7 février, mais la veille c’était plus compliqué. La première phase éliminatoire se passait avec 70 plongeurs, alors le concours a duré 5h30… Ça c'est super dur mentalement. On sentait que l’atmosphère dans la piscine était un peu plus froide que d’habitude. Tout le monde voulait sa place. À la fin des éliminatoires, j’ai fini à la 18ème place, ce qui signifiait que j’étais qualifié pour les demi-finales, mais c’est passé vraiment rick-rack (seulement 18 places qualificatives NDLR). Au final j’étais déjà très content d’arriver à ce stade de la compétition, puisque j’avais débloqué un quota, une place qualificative pour la France, mais pas qui n’était pas nominatif.

Top Music : Et le lendemain de cette journée un peu compliquée, tu disputais le reste de la compétition.

G. B. : Oui, le lendemain on a disputé les demi-finales le matin, et j’ai dû chercher ma place en finale. Cette fois-ci, si on parvenait à accéder au Top 12, le quota devenait nominatif, mais il ne restait plus que les meilleurs. Avec ma coach on avait bien bossé et ça nous a permis d'être confiant, de bien plonger, de se sentir à l'aise aussi. Au final, je fais onzième des demi-finales et je me qualifie donc pour la finale de l’après-midi. Là, c’était que du bonus. Il y avait beaucoup moins de stress. L'objectif, c'était d'aller chercher la meilleure place et surtout de me faire plaisir. J’ai réussi à en prendre et je suis ressorti de la finale sans aucun regret, avec en plus un quota nominatif. (Il termine 11ème de l’épreuve NDLR)

"C'était la dernière chance de se qualifier pour les Jeux"

Top Music : Faire ce genre de performance dans une compétition aussi importante, c'est un gros boost de confiance avant les JO. Ça permet aussi de les attaquer avec plus d’ambition ?

G. B. : Avec plus d'ambition mais plus sereinement aussi. Après une bonne perf’, c'est sûr qu'on est plus serein sur les compétitions qui arrivent. C'est que du positif pour pour les Jeux.

Top Music : En plus, c’était une des dernières grosses dates qualificatives pour les JO...

G. B. : C'était même la dernière chance pour tout le monde, pour n'importe quel plongeur, n'importe quel pays ! C'était la dernière chance de qualification pour les Jeux.

Top Music : Gros ouf de soulagement alors !

G. B. : Oui, un gros soulagement. Super content aussi parce que c'est mes premiers JO. Je n'ai pas vraiment eu ma chance en 2021. J’avais eu le Covid avant d’entamer la compétition qualificative et donc je n’avais pas pu la faire. C'est une belle revanche.


Gwendal Bisch participera à ses premiers JO cet été à Paris. - Crédit Photo : Gwendal Bisch

Top Music : Ça signifie quoi pour vous de disputer les Jeux à la maison ?

G. B. : Ça signifie beaucoup. C'est la compétition que tout sportif veut faire, c'est l'objectif d'une carrière. En plus que ce soit à la maison… On est super fiers de se dire qu'on va plonger devant son public et représenter la France dans son pays. C'est énorme.

Top Music : Si on doit revenir un peu sur la genèse de ta carrière, comment démarre ton histoire avec le plongeon ?

G. B. : Elle commence très tôt (Rires). Depuis que j’ai deux, trois ans, je vais dans l’eau. Avec mes parents, on allait à la piscine pour nager, enfin apprendre à nager du moins. À quatre ans, je commençait déjà à aller sur les plongeoirs d’un mètre pour sauter. C’est comme ça que j’ai commencé à sauter. Ça m’amusait. Puis je sautais d’un peu plus haut, et j'ai dit à ma mère que je voulais faire ce sport. Elle s'est mise à chercher pour voir si c'était un sport qui existait et s'il y avait des clubs pas loin. Par chance, il y avait un club à Strasbourg, à-côté de chez-moi, et je me suis lancé direct à six ans dans le plongeon.

 "70 % des membres de l'équipe de France viennent de la gym"

Top Music : Pourquoi on se lance dans le plongeon plutôt que dans la natation ?

G. B. : Moi ce que j'aimais quand j'étais petit, c’était de sauter partout. J'avais la bougeotte. Je pense que j'étais un peu casse-cou aussi. C'est ce qui m’a aidé à choisir le plongeon. Le fait de sauter sur les tremplins, de se sentir voler en l’air, ça m'a donné envie d'essayer ce sport.

Top Music : Tu as su tout de suite que ce sport était fait pour toi ?

G. B. : Quand j'étais petit, non (Rires). Mais je m'amusais en tout cas, je m'amusais énormément à l'entraînement. Ça me plaisait de ouf. Assez vite, l'entraîneur a vu que j'avais du potentiel pour faire plus. À sept ans, je m’entraînais déjà deux fois par semaine. 

Top Music : Et comment se passent les premières compétitions?

G. B. : Ma toute première compétition, c'était à huit ans, directement pour les championnats de France. Il n'y a pas beaucoup de licenciés en France, alors dans le plongeon c'est un peu plus facile que dans d'autres sports de se qualifier dans ce genre de compétitions. Sur ces premiers championnats de France, je dois faire treizième sur vingt. En vrai, c'est pas mal à huit ans (sourire). J’ai aussi un souvenir, à Marseille, c'était à l'autre bout de la France, je fais le voyage avec l'équipe et tous les plus grands… C'était super, enrichissant et pareil je me suis amusé de ouf. Ça m’a beaucoup aidé pour la suite qu'en compétition, j’arrive à me sentir à l'aise avec les plus grands, à m’amuser, à sauter d'un peu plus haut, tenter de nouveaux plongeons, parce qu'il y a du monde autour qui te pousse à faire un petit peu mieux… J'en garde des supers souvenirs.

Top Music : La dernière sportive qu'on a interviewé dans la cadre de cette série d’interview c’était la gymnaste Morgane Osyssek. Justement, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de ressemblance entre le plongeon et la gymnastique.

G. B. : On a beaucoup de similitudes avec la gym. C'est même pour ça qu'il y a beaucoup de gymnastes qui se mettent au plongeon. Il y a plus de 70 % des membres de l'équipe de France qui ont fait de la gym et qui sont venus après au plongeon. En fait, tout ce qu’on fait dans l’eau, on sait le faire « à sec », sur des tapis, des trampolines, des tremplins… On a les mêmes tremplins que quand on saute dans une piscine sauf qu’on atterrit sur des tapis mous. Ça nous permet de perfectionner les plongeons avant d’être assez confiants pour les faire dans l’eau.

 En 2019, "j'ai pris une petite claque dans la gueule"

Top Music : Si on revient sur l'ensemble de ta carrière, quelle est ta plus belle émotion sportive ? 

G. B. : La plus belle émotion de ma carrière, c'est les championnats du monde que je viens de disputer, avec la qualif aux JO sur l’épreuve à 3 mètres.

Top Music : Sans hésiter ?

G. B. : Oui, sans hésiter. Juste en dessous, je pourrais parler de la fois où je deviens vice-champion d'Europe Junior à 17 ans. Mais depuis cette année, je vais quand même dire que c'est c'est la qualif pour les Jeux. 


Cet amoureux de Strasbourg entend revenir vivre dans la région dès qu'il le pourra. - Crédit Photo : Gwendal Bisch

Top Music : Et à l’inverse, la plus grosse déception ?

G. B. : C'est une bonne question. La très, très grosse déception que j'ai eu, c'est quand j'ai eu le covid juste avant la coupe du monde qualificative pour les Jeux de Tokyo en 2021. Et en compétition, je pense que c'était les championnats du monde de 2019 qui se sont passés en Corée du sud. Je fais 35ème à trois mètres alors que je pensais pouvoir chercher un top 18. Ça m’a mis une petite claque dans la gueule. Par contre, derrière, ça a entraîné une remise en question, un retour au travail et je savais ce qu’il me restait à faire pour faire mieux. 

Top Music : Tu es né à Strasbourg. Qu'est-ce que tu retiens de ton enfance en Alsace ? 

G. B. : L'Alsace en général, j'aime bien. Mais moi, j'affectionne particulièrement Strasbourg. Je suis vraiment un amoureux de cette ville, même si ça fait cinq ans que je vis à Paris. Je compte revenir à Strasbourg plus tard, dès que je le peux. Ce que je retiens de ma jeunesse, c'est mes petites années à l’école, au collège, au lycée, avec ma petite bande de potes. Une enfance passée à kiffer, sortir dehors, se balader en ville. À essayer de profiter des potes dès que je pouvais parce qu’avec les compètes et les entraînements je n’avais pas toujours le temps. Juste le fait de les voir en cours et de rester un peu avec eux après les cours, ça me faisait plaisir et ça me permettait de couper de ce monde de sport de haut niveau. Avec eux, on ne parlait jamais de plongeon. Avec ce petit groupe de potes, on s'amusait comme on pouvait et c'était très bien comme ça.

Top Music : Certains sportifs professionnels disent que la France n'est pas forcément un pays de sport, mais pour autant, l’Alsace ça reste quand même une terre de sport, non ?

G. B. : Pour être honnête, je ne m'intéresse pas non plus à tous les sports, mais de ce que j’ai vu quand je m'entraînais à Strasbourg, de ce que j’entendais, je pense qu’en Alsace, on est plutôt bien. On représente plutôt bien la France. Je sais qu'il y a des gymnastes, des escrimeurs… On représente l'Alsace à l’échelle internationale et ça, c'est top. Après, on a la chance d'avoir le CREPS à Strasbourg, qui aide aussi les sportifs à performer. 

"J'aimerais bien que ce soit dans deux mois, que ça se passe tout de suite même !"

Top Music : Pour parler des JO maintenant, il reste quatre mois avant la cérémonie d’ouverture. Comment tu prépares ces Jeux ? 

G. B. : À fond ! Là, vu qu'on est en période de reprise, c'est beaucoup de travail physique, beaucoup de répétitions sur des plongeons simples pour gérer les petits détails techniques. Après, on aura quelques compétitions de préparation, quand même, pour ne pas arriver aux Jeux sans avoir disputé de compète en cinq mois. Pour l’instant, on se concentre sur la technique et le physique, puis il y aura ces deux ou trois compétitions, et on sera prêt pour juillet. J'ai hâte, j'aimerais bien que ce soit dans deux mois, que ça se passe tout de suite même ! (Rires) On aurait pas tous ces facteurs de blessures ou les autres paramètres. J'ai super hâte que ça passe, que je sois sur place et que je fasse mon premier plongeon. 

À 25 ans, le sportif alsacien entend prolonger sa carrière au maximum. - Crédit Photo : Gwendal Bisch

Top Music : Ta participation à ces JO, c’est aussi une belle histoire au vu de l’année écoulée. 

G. B. : Oui je reviens de loin ! J'ai eu des petits soucis à Paris, alors je suis retourné à Strasbourg en 2022/2023, et j'ai dû m'entraîner seul et avec mon tout premier entraîneur de club. J'ai aussi dû travailler à côté et j'ai passé mon diplôme de maître nageur en même temps. C'était une année assez compliquée et je pense qu'il n’y a pas énormément de gens qui croyaient en moi pour réussir à me qualifier aux JO. Mais cette année a réussi à me remobiliser et j'ai appris à m'entraîner intelligemment. Je pense que c'est ce qui m’a aussi aidé aux championnats du monde. 

"Je compte aller jusqu'en 2028 minimum"

Top Music : Tu as encore du temps devant toi, la retraite sportive ce n’est pas pour tout de suite...

G. B. : Pour le moment, je pars sur les Jeux de Paris, mais je compte aller jusqu'en 2028 minimum. Je veux aller jusqu'en 2028 (il aura 30 ans NDLR) et je peux même tirer jusqu'à 35 ans.