Feux de forêts : l'Alsace aussi concernée
11 juin 2024 à 11h44 - Modifié : 13 juin 2024 à 7h36 par Sébastien RUFFET
Avant 2022, on pouvait estimer en Alsace que quand on parlait de feux de forêts, c'était surtout bon pour le Var ou le sud-ouest de la France. Mais avec le réchauffement climatique et les périodes toujours plus longues de sécheresse, il a fallu s'adapter et mettre au point des dispositifs pour réagir au plus vite en cas d'incendie.
La petite démonstration, en forêt de Brumath, a fait son effet. Quatre gros camions, des lances déployées, les pompiers du Bas-Rhin ont attiré l'attention sur un phénomène qui désormais peut aussi toucher l'Alsace : les feux de forêts. Alors, oui, pour l'heure, avec ce qu'on a reçu comme pluie sur la tête ces dernières semaines, le risque est pratiquement nul. Mais on sait que la situation peut changer très rapidement. Ludovic Paul, le directeur départemental adjoint des territoires du Bas-Rhin, "on ne devrait pas avoir de problème sur les nappes phréatiques, mais en surface la végétation peut rapidement s'assécher". Quelques jours de cagnard dont l'Alsace a le secret, et le risque peut alors vite évoluer.
Les autorités ont aussi voulu présenter une nouvelle façon de gérer ce risque. L'arrêté de 2009 a été revu, et aujourd'hui, "on a un arrêté qui ressemble un peu à l'arrêté cadre sur la sécheresse", poursuit Ludovic Paul. L'idée étant de réduire certains types d'activités en fonction du niveau de risque (feux d'artifice, activités de loisirs, chasse, activité agricole...) "On ne tient plus compte de la date, mais de la situation en temps réel. On va se baser sur les indicateurs de Météo France, mais aussi de tous les retours du terrain pour activer ou non différents niveaux de restrictions." De son côté, la Préfète Josiane Chevalier a précisé que "les maires des communes seront prévenus de la même façon que pour les risques orage et inondations. On a réussi à trouver un modèle assez élaboré avec tout un réseau d'acteurs de la prévention."
Les sentinelles, des bénévoles en première ligne
Dans ce dispositif, les bénévoles des "Sentinelles Feux de Forêts du Bas-Rhin" vont jouer un rôle non négligeable. Sous l'égide de l'UITT (Unité d'Intervention Tout Terrain), ils vont être sollicités quand le risque devient particulièrement élevé. Si ces Sentinelles existent dans le sud de la France, ce n'est pas partout le cas, et c'est un plus pour les secours alsaciens. Steeve Gillig, le vice-président de l'UITT du Bas-Rhin, explique qu'il faut "avoir la possibilité de faire les premières formations. On se charge de recruter ces bénévoles, de les former, et de les chapeauter. On compte aujourd'hui 202 sentinelles, et on aimerait en recruter d'autres", pour bien mailler le territoire. Equipés d'un gilet rouge reconnaissable, d'une boussole, d'une carte et d'une radio, les Sentinelles vont alors "patrouiller" dans les forêts à risque, et demander aux promeneurs d'être particulièrement vigilants (mégots, déchets...), voire de les enjoindre à quitter les lieux. Ils vont aussi avoir un rôle de remonter d'information, soit sur la situation de sécheresse, soit en cas de départ de feu constaté. Des précieuses minutes peuvent alors être gagnées. "C'est l'un d'eux qui a repéré le gros feu de forêt qui a touché la Moselle, et qui nous a mobilisés deux jours et demie", précise Marc Stahl, le président de l'UITT67. "On constate une augmentation des feux de forêts, de broussailles, ou même dans des champs agricoles." Pour devenir Sentinelles du feu, il faut aimer la nature, et être disponible.
Un gilet rouge distinctif pour les Sentinelles du feu / @Top Music - SR
Parmi ces bénévoles, il y a Gilles, de Haguenau. "Je tiens à la forêt", précise d'emblée celui qui aime se promener avec ses chiens dans la nature. L'an passé, il n'a pas été mobilisé, mais il reste à disposition. "On manque partout de bénévoles, je me suis inscrit, on a eu une petite formation sur les choses à communiquer rapidement afin d'orienter les sapeurs-pompiers. Il faut être le plus précis possible si on détecte un feu. L'année dernière on n'avait pas de gilet, et on faisait des rappels à des promeneurs qui fumaient en forêt, mais ils nous prenaient pour un simple promeneur... On n'est pas de la police, mais une piqûre de rappel, ça fait pas de mal." Comme pour ces mégots jetés par la fenêtre par exemple, et que Gilles constate régulièrement.
Si les dispositifs s'affinent pour être plus réactifs, il en va aussi de la responsabilité de chacun. Un mégot, un barbecue sauvage, une bouteille en verre, autant d'éléments qui peuvent déclencher un incendie. En 2023, les pompiers du Bas-Rhin sont intervenus 600 fois pour des feux de broussailles, de champs et de forêts. En 2022, un énorme incendie avait touché le massif des Vosges.
Les pompiers du Bas-Rhin disposent de 32 camions dédiés à la lutte contre les feux de forêt