Médaille d'or à Paris : "Un rêve qui se poursuit encore et encore"

Publié : 26 septembre 2024 à 15h18 - Modifié : 7 octobre 2024 à 15h25 par Sébastien RUFFET

Benoit Chevreau
Benoit Chevreau de Montlehu, médaillé d'or avec l'équipe de France de cécifoot
Crédit : @Top Music - SR

C'est une ascension vertigineuse qu'a connue l'équipe de France de cécifoot. En quelques années, les Bleus sont passés d'une nation lambda à une place forte de la discipline. Gardien de l'équipe de France depuis neuf ans, Benoit Chevreau de Montlehu n'en revient toujours pas d'avoir été sacré champion paralympique à Paris.

A 35 ans, le voilà avec une médaille d'or autour du cou. Benoit Chevreau de Montlehu a vécu la consécration lors des Jeux Paralympiques, en gardant la cage de l'équipe de France de cécifoot. Le 7 septembre, il terrassait l'Argentine en finale - tiens tiens... Pris par différentes obligations, Benoit a finalement fait le crochet par les locaux de Top Music pour raconter cette aventure incroyable, débutée en Bleu il y a 9 ans. L'Alsacien d'adoption n'en revient toujours pas.

Les souvenirs marquants

 - "Ce qui me reste, c'est une grande parenthèse qui ne se referme pas, depuis le 7 septembre (date de la finale, ndr) j'ai pas eu l'occasion de me poser et de prendre du recul. Chaque semaine il y a un petit rappel, la parade qui a été extraordinaire... C'est comme un rêve qui se poursuit encore et encore. Ce sont des émotions qui sont extraordinaires. Le partage avec le public, le retour qu'on a, j'aimerais le garder jusqu'à la fin de ma vie.

 - "Le premier match. Généralement on commence très mal les compétitions, et le premier contre la Chine, tout le monde prend conscience que ça peut le faire. Qu'on peut aller au bout. Et avec ce public, on a continué."

 - "Avoir un stade entier acquis à notre cause, c'est un plus, c'est un 6e homme sur le terrain. Sans ça, c'est pas la même compétition. Beaucoup de joueurs, dont moi, ont été poussés par ça. Entendre 11700 personnes chanter la Marseillaise, c'était très fort en émotion. J'espère qu'à l'avenir on aura autant du public. On avait un doute sur comment ils allaient réagir, c'est historique dans le cécifoot, et il faut tirer le chapeau aux speakers qui ont mis le feu mais aussi beaucoup de pédagogie pendant les matchs. C'est galvanisant, des shoots d'adrénaline."

 - "11 700 personnes qui s'adaptent, c'est incroyable. La ola silencieuse, sur le coup, j'ai pas vu, j'étais en train de jouer, et j'ai découvert ça après, en vidéo, et je me suis dit, ah ouais c'est fort.

La mise en lumière de la discipline

 - "Enfin ! Cela fait depuis longtemps qu'on aurait dû avoir cette visibilité, on a la chance d'avoir eu le Grand Prix à Schiltigheim, avec du public, mais là, devant la Tour Eiffel, avec un public extraordinaire, on ne pouvait pas rêver mieux, on a battu des records au niveau des télespectateurs. C'est un beau sport, et il mérite d'être découvert, et c'est du foot aussi.

 - "Je pense que ça va inciter des jeunes, les gens vont creuser le cécifoot et vont venir taper à la porte, c'est tant mieux pour la discipline qui a besoin d'un nouveau souffle, et c'est le rôle des personnes de capitaliser sur cet héritage et de pas laisser retomber le soufflé. Je sais que ça s'active en coulisses. En 2026, il y aura les championnats d'Europe à Schiltigheim, donc il y a déjà un objectif."

Un scénario fou

 - "Non, je ne m'attendais pas à aller au bout. Le scénario, on ne peut pas rêver mieux. Je pensais qu'on ferait un podium avec ce collectif, et finir sur la plus haute marche avec des nations comme l'Argentine et le Brésil en dessous nous, c'est magique, c'est à l'image de Paris. Personne s'attendait à des Jeux si spectaculaires, et d'avoir partager cet engouement, on est fier. C'est grâce au public aussi si on a réussi à monter sur la plus haute marche."

 - "On attendait le Brésil en finale, et on a eu l'Argentine. Beaucoup de gens suivent l'équipe de France valide, et on a eu à coeur de dire 'on a une occasion de se racheter' et surtout on peut chambrer l'équipe de France que nous on bat l'Argentine aux tirs aux bus en finale, et ça c'est pas mal (sourire)." 

Le retour sur terre

 - "On est resté dans notre bulle de concentration toute la semaine. La vie au village c'est énorme, c'est une mini ville entièrement piétonisée, on peut se balader au bord de la Seine. On s'est senti chez nous, c'était bien. La parade, quand tu marches avec Léon Marchand qui t'a fait vibrer, avec ta médaille d'or, avec le recul, c'est ce qui me marque le plus. Au final, on est athlète de haut niveau, et la France a vu ce que c'est le cécifoot, et que des amateurs peuvent rivaliser avec des pros.

 - "On n'a pas eu vraiment trop de moment juste notre groupe, on était éparpillés, on a eu des obligations, donc on ne s'est pas vraiment retrouvés ensemble. Si vous regardez la finale, il y a une émotion... Il y a des joueurs qui se connaissent depuis 20 ans, moi j'y suis depuis 9 ans... Le coach disait il y a des gars qu'on connaît mieux que la famille. On s'est dit 'on l'a fait'. On l'a fait."

 - "Tout le monde a suivi au boulot, ils sont très fiers, ils sont contents... Moi j'ai un peu de mal à me remettre dedans niveau boulot, je suis comptable, mais ça va venir. J'arrive à acheter mon pain et mes courses sans que personne m'interrompt (sourire). Cette médaille, quand on la met autour du cou, on se dit, ouais, on l'a vraiment."