Paris 2024 : une entreprise alsacienne sur le chantier
28 janvier 2022 à 11h02 - Modifié : 7 novembre 2023 à 13h24 par Céline Rinckel
Malgré la crise sanitaire et les pénuries de matériaux, les ouvrages olympiques sortent de terre en région parisienne : il y aura 62 nouveaux équipements d'ici 2024. Le constructeur bois alsacien Mathis fait partie de l’aventure sur plusieurs chantiers.
A Muttersholtz, tout le monde connaît l’entreprise Mathis, installée au coeur du village depuis cinq générations. Mathis est l’un des trois plus grands spécialistes dans la construction bois en France. Historiquement toute la production et le bureau d’études se font en Alsace, précisément à Muttersholtz. « On conçoit, on dessine, on fabrique et on pose », précise François KLUGHERTZ, directeur Secteur Est-Export. Mathis emploie 160 personnes en CDI, plus une quarantaine d’intérimaires en ce moment car l’activité a explosé. Il faut dire que l’entreprise Mathis a été retenue pour travailler sur des chantiers des Jeux Olympiques de Paris 2024. Sont déjà construits le bâtiment Pulse à Saint-Denis qui accueille les bureaux du comité d’organisation des JO, ainsi que le Grand palais éphémère, sur le Champs de Mars à Paris et qui a pour vocation d’accueillir les compétitions d’arts martiaux. Restent à construire pour Mathis des bâtiments de logements pour les athlètes à Saint-Denis et à Saint-Ouen, l’aréna de basket et surtout le Centre aquatique Saint-Denis (en face du Stade de France) qui sera une prouesse technique.
Du jamais vu en France
La toiture du Centre aquatique sera faite de catènes en bois lamellé collé d’une portée de 90 mètres ! C’est une première mondiale dans ces dimensions. Depuis un an déjà, le bureau d’études de Mathis travaille sur ce projet. Il faudra 7 600 heures pour concevoir, calculer et faire les plans de cette importante structure de 2 300 m3 d’éléments en bois lamellé collé, 3 400 m2 de murs à ossatures bois isolés et 350 tonnes d’éléments métalliques. La pose va durer sept mois (d’avril 2022 à fin novembre 2022). Les premiers éléments bois sont fabriqués depuis novembre dernier et stockés en région parisienne. C’est de l’épicéa scandinave qui est utilisé pour ce projet. A l’ouverture des JO de Paris 2024, la moitié des salariés de Mathis aura participer à la construction d’un des nouveaux bâtiments olympiques.
Dans cette portée là, avec cette typologie de structure, c’est effectivement une première mondiale. A ma connaissance, il y a deux autres bâtiments de ce type là dans le monde, l’un au Canada, l’autre au Japon. Mais dans ces dimensions-là c’est effectivement une première mondiale. Des éléments qui vont faire jusqu’à 90 mètres de portée, dans des sections très petites, ce qui fait une performance technique assez incroyable. / François KLUGHERTZ, directeur Secteur Est-Export chez Mathis
L’Arboretum à Nanterre
En parallèle à ce projet olympique, qui donnera une belle notoriété à l’entreprise alsacienne, Mathis travaille sur la construction d’un campus avec cinq immeubles en bois pour des bureaux. « C’est un énorme chantier en parallèle à Paris 2024 », confirme François KLUGHERTZ, directeur Secteur Est-Export chez Mathis. « Notre carnet de commandes est saturé. Les gens ont compris qu’on pouvait faire plein de choses en bois. C’est une redécouverte (il y a toujours eu des maisons à colombages). Le bois est le seul matériau de structure qui stocke du carbone (contrairement à l’acier et au béton). 1 m3 de bois stocke une tonne de carbone. En plus le bois est une ressource renouvelable. Les scieries avec lesquelles on travaille ont une démarche responsable : 1 arbre coupée = 1 arbre replanté ».
Chantier Arboretum à Nanterre – La Défense / Maître d’ouvrage délégué : WO2 / Crédit photo : © WO2 - Arboretum
Mathis a des références sur les cinq continents, comme le Centre culturel de Nouméa (Nouvelle Calédonie), l’un de ses plus importants chantiers en 1995.