Teddy, un "All Blacks" à Haguenau
6 avril 2024 à 6h00 - Modifié : 9 avril 2024 à 7h26 par Sébastien RUFFET
Si on avait dit un jour au RC Haguenau qu'il accueillerait un ancien international néo-zélandais... Ancien pro en rugby à XV, puis membre de la sélection olympique de rugby à VII en 2016, Teddy Stanaway est arrivé "par accident" en Alsace. Le genre de hasard qui fait bien les choses.
Les 1er et 2 juin prochains, le Rugby Club Haguenau (RCH) organisera son premier grand tournoi international de rugby à 7, dans le cadre de la préparation des Jeux Olympiques, parmi les événements organisés à Haguenau. Cheville ouvrière de cet événement qui s'annonce énorme, le Néo-Zélandais Teddy Stanaway, qui a posé ses valises à Haguenau l'été dernier. Désormais tourné vers le développement de sa start-up, Teddy, 34 ans, amène son expérience au RCH, mais veut aussi, avec ce tournoi, aider au développement du rugby en Alsace, comme après la coupe du monde en France. Champion du monde des U20 avec les All-Blacks, Stanaway a surtout eu les honneurs du maillot noir avec "le 7", où il aura compilé 41 sélections.
SON ARRIVEE EN ALSACE
"Je suis arrivé par accident, j'ai découvert l'endroit et je suis tombé amoureux ! J'ai amené ma famille, on a découvert tout ça, la nature, la communauté est incroyable, je suis vraiment heureux ici, et c'est ce qui m'a poussé à vouloir partager ça avec des équipes nationales et les All-Blacks. Je suis venu pour le travail, une start-up qui sera lancée pendant le tournoi, puisque ça concerne le sport. Je suis venu ici par les gens que j'ai rencontrés dans le cadre de ce projet, et je suis arrivé au club de rugby de Haguenau. C'était donc un accident, mais un "bon" accident, je suis heureux ! Avant l'Alsace, j'étais à Oyonnax, La Rochelle, Bordeaux, Tarbes, Limoges. Il y a une très belle porcelaine à Limoges ! J'étais capitaine, et c'était une sacrée expérience d'être le capitaine d'une équipe en France, en ne maîtrisant pas tout à fait la langue, en essayant de transmettre juste par mes actions, plus que par mes mots."
LES MERVEILLES DE LA REGION
"La météo ? C'est une autre expérience ! Être quelque part où il y a de la neige, ce n'est pas quelque chose qui serait possible pour moi et mes filles en Nouvelle-Zélande, tu te lèves le matin, et les maisons sont recouvertes de neige, les filles sortent jouer dans la neige, c'est une expérience incroyable pour nous. Le froid comme le chaud ne me dérangent pas plus que ça. L'été, après l'école, on va au lac de Brumath, on se relaxe dans l'eau, et ça fait partie de tout ce qu'on peut vivre dans cette région. J'ai des petites filles, imaginez quand je leur fais découvrir des vrais châteaux dans la vraie vie ! Il n'y a aucun château en Nouvelle-Zélande. Pour ce qui est de l'alimentation, c'est sûr que c'est dur quand tu dois tenir un régime de professionnel (rires).
Ce que j'aime le plus, ce sont les gens ici. Ce n'est peut-être pas la réponse la plus populaire, puisque beaucoup de gens vont dire les châteaux, la nature... Mais les gens qu'on a rencontrés ici sont les plus merveilleux en France. Je suis allé tout de suite au club de rugby en arrivant, et j'ai découvert une vraie communauté qui voulait nous montrer la région, nous aider à nous installer et c'est un gros facteur de notre bonheur dans cette région. Mais aussi bien sûr toutes ces activités, la proximité de l'Allemagne... Et puis la nature, ces grands espaces, c'est tout ce que j'aime. Des choses très simples, comme quelqu'un qui vient de Nouvelle-Zélande... (sourire)"
SA CARRIERE
"Le rugby à 7 c'était aussi un accident. J'ai toujours joué à 15 et je me suis blessé, et j'ai dû arrêter de jouer, mais j'avais envie de jouer encore. A un moment je me suis dit, pourquoi pas reprendre avec le 7, j'ai fait un tournoi pour voir si ça allait au niveau de la blessure - c'était à la tête - et le coach des All Blacks m'a vu et m'a dit viens jouer avec nous, j'ai dit pourquoi pas ?! Le reste appartient à l'Histoire ! Un an plus tard, j'étais sélectionné avec l'équipe olympique, j'ai gagné une médaille d'or aux Jeux du Commonwealth... Pendant trois ans, avec les All-Blacks 7 on a voyagé à travers le monde, et une opportunité s'est présentée en France. J'étais à un point de ma carrière, où je voulais montrer un peu le monde à ma petite famille, donc on a pris la décision de saisir cette chance : j'ai joué pour Oyonnax, c'était en 2018, et depuis je suis en France."
LE TOURNOI DE RUGBY A 7
"Pour moi c'est un moyen de rendre au rugby, de créer quelque chose qui peut durer plus longtemps que moi, et quel meilleur moyen que de le faire en connexion avec les deux pays qui ont influencé mon rugby, la France et la Nouvelle-Zélande ? Alors organiser un tournoi en France, avec la venue des All-Blacks, c'est quelque chose qui mérite de mettre de l'énergie. Le but c'est de créer des fondations pour aider à développer le rugby ici, des passerelles entre des équipes internationales et les jeunes talents de la région qui pourraient s'inspirer. J'y mets tout mon coeur. Je ne veux pas que ce soit un one-shot. Je veux montrer à ces équipes l'environnement, les équipements qu'on a à Haguenau, pour qu'à l'avenir elles l'inscrivent dans leur calendrier. On a une belle opportunité d'avoir les équipes de développement de grandes nations comme la Nouvelle-Zélande, l'Australie, France, Canada, mais aussi les équipes nationales d'Italie, de Pologne, Belgique, Allemagne. C'est une opportunité pour ces équipes là de jouer contre les Blacks ou l'Australie, et pour les jeunes talents aussi. Oui j'ai envie de m'installer en Alsace. On est bien dans cette ville (Haguenau), dans ce club, et il y a cette volonté de développer le rugby localement."
LE DEVELOPPEMENT DU RYGBY A 7
"Je ne comprends pas pourquoi le 7 est moins populaire, alors que pour moi c'est une meilleure façon de montrer le rugby à ceux qui ne connaissent pas. C'est beaucoup plus simple à comprendre, ça va plus vite, c'est plus dynamique, il y a moins de règles à comprendre, moins de petits détails. Qu'Antoine Dupont ait mis un peu de lumière sur le 7, c'est très excitant. Si tu développes le 7, tu développes aussi le rugby à 15 indirectement, puisqu'il y aura d'avantage de joueurs aussi."
LE GOAT ?
"Je DOIS dire Jonah Lomu. Il m'a tellement impacté quand j'étais enfant. C'est lui qui m'a donné envie de jouer. Il a allumé le feu en moi ! Je veux impacter le monde, comme il l'a fait. Je pense aussi que ç'a été le premier rugbyman à être une des premières stars "globales"."