Pollution à Strasbourg : "Il faut qu'on arrête d'empoisonner nos enfants et qu'on prenne des mesures fortes"
12 novembre 2020 à 12h09 - Modifié : 10 mai 2021 à 11h04 par Anne-Sophie Martin
Une étude menée pour la première fois en France, démontre la présence massive de nanoparticules toxiques chez 27 enfants testés à Strasbourg. Les nanoparticules ou particules ultrafines sont issues de la pollution provenant principalement du diesel, elles augmentent considérablement le risque de cancer et de maladies cardiovasculaires, notamment les AVC et infarctus.
On constate que sur 27 enfants testés à Strasbourg, chacun a au minimum un million de nanoparticules par millilitre d'urine. Ces nanoparticules sont les plus nocives, elle sont très dangereuses parce qu’elles vont pouvoir passer à l’intérieur des poumons, dans le sang, et chez la femme enceinte, elles franchissent le placenta avec des conséquences directes sur le foetus. (...)
L'étude a montré que plus les enfants habitaient à proximité d’un axe routier, plus ce taux de nanoparticules dans les urines était élevé.
Quelles sont les conséquences de cette pollution ?
Il y a plus d’asthme à court terme chez l'enfant, mais à long terme sur plusieurs dizaines d'année de vie, il y a de plus grandes probabilités de développer des cancers, ça accroît les maladies cardiovasculaires, ça favorise les AVC et infarctus, ça augmente également le risque de développer des maladies neurodégénératives.
Vous avez voulu montrer qu'on empoisonne nos enfants ?On sait bien que nos enfants sont empoisonnés, on a un marqueur assez fiable de cette pollution, qui pourra ouvrir la voie à des procès et qui pourra nous aider à faire reconnaître des maladies. Il faut qu’on arrête d’empoisonner nos enfants et qu’on prenne des mesures fortes.
Quelles sont les mesures fortes que vous souhaitez ?
Il va falloir interdire le diesel et que l’Etat puisse aider les gens qui ont acheté des véhicules diesel à pouvoir s’en passer. Il faut absolument contrôler les rejets des industries, et arrêter d’encourager les chaudières collectives au bois.
Vous rappelez que la pollution est un facteur aggravant du Covid-19, en précisant que la pollution est responsable de 15% des décès liés au Covid-19.
La pollution prédispose à faire des formes graves de Covid. (..) La pollution est aussi un facteur qui va aggraver la transmission du virus, car on sait que la pollution de l'air va affaiblir vos défenses immunitaires. (...)
Selon le collectif Strasbourg Respire, "les nanoparticules dosées dans cette étude sont des particules carbonées qui proviennent en ville majoritairement du parc diesel. Elles ont été dosées dans les urines des enfants grâce à la mesure d’un de leurs composants: le black carbone."
La nouvelle étude conduite par l’équipe du professeur belge Tim Nawrot dresse un constat édifiant du niveau de pollution liée aux nanoparticules à Strasbourg et révèle surtout un lien significatif entre le taux de particules dans les urines et la proximité de l'habitation de l’enfant par rapport à un axe routier. Une étude avec des résultats similaires a été menée sur 300 enfants répartis dans trois villes de Flandre en Belgique.
Ces millions de particules retrouvées dans les urines d’enfants sont des particules de combustion (diesel, bois, charbon..) qui sont composées de carbone pur (black carbone) au centre de la particule et d’hydrocarbures aromatiques polycycliques et de métaux à la surface de la particule. Ces particules carbonées sont les plus toxiques de par leur composition, et de par leur taille (de moins de 0,1 µm), ce qui leur permet de franchir la barrière pulmonaire et d’atteindre tous les organes. Dans les métropoles françaises, la source principale de ce type de particules est le parc diesel - l’essence n’émet pas ou très peu de black carbone - ainsi que le chauffage au bois l’hiver et les industries de type incinération et papeterie par exemple.
Dans son communiqué, le collectif Strasbourg Respire appelle les pouvoirs publics à intensifier les mesures de lutte contre la pollution de l’air en :
- mettant en place des zones à faibles émissions excluant les véhicules diesel.
- réduisant les émissions du chauffage collectif ou individuel au bois.
- renforçant le contrôle et les sanctions sur les émissions industrielles.
Le collectif Respire rappelle également que "la pollution de l’air est responsable de plus de 15% des décès liés au Covid-19. Dans le contexte sanitaire actuel, la lutte contre la pollution de l’air est urgente et ne peut être encore retardée".