La cigogne, symbole de plus en plus présent en Alsace

En se promenant, on les voit à l'affût de nourriture. En levant la tête, on les voit nicher. Et cette année, on a comme une impression : ne seraient-elles un peu plus nombreuses chaque année ? "Il y en a beaucoup plus que dans les temps historiques", confirme Yves Muller, le président de la LPO Alsace et grand spécialiste de la cigogne. Les premières cigognes sont arrivées au XIII^e siècle selon des écrits des Dominicains de Colmar. "Les premiers recensements remontent au début du XX^e siècle, et en 1927, on comptait 149 couples de cigognes". Les années 1950 et 1960 vont voir une chute de la population, sans doute due à des problèmes de migration (sécheresse au Sahel, chasse...). En 1974, on tombe à 9 couples, et il a fallu réagir. "On a construit en Alsace des enclos de repeuplement. On a fait en sorte qu'elles se reproduisent, et les jeunes étaient relâchés. Mais le problème, c'est qu'elles ont aussi tendance à devenir sédentaire." 

L'Alsace, terre d'accueil

En 2000, on comptait 255 couples nicheurs. "A la LPO, on dit qu'il faut stopper cette pratique", poursuit Yves Muller. "Il faut laisser les cigognes se débrouiller toutes seules et trouver elles-mêmes leur alimentation. La population va se réguler naturellement. S'il n'y a plus assez de nourriture, les couples n'élèveront que deux jeunes au lieu de quatre par exemple." Aujourd'hui, on estime qu'un millier de couples niche en Alsace. Et pourquoi l'Alsace ? "Elle y a trouvé des prairies humides, des rieds, où elle peut se nourrir facilement." Presque trop. Les grands échassiers peuvent vite mettre à mal un écosystème.

Avec le réchauffement climatique, "elles n'ont plus leurs habitudes hivernales. Elles migrent moins loin, jusqu'au sud de l'Europe. Elles ne vont plus jusque dans le sud du Sahara." De même, la cigogne d'Espagne est désormais installée en Charente-Maritime, où l'on a compté 600 couples récemment. L'Alsace était jusqu'ici l'unique lieu de résidence des cigognes en France.