Gare à la sécheresse en Alsace

L’année 2023 avait commencé de façon singulière. Au terme d’un hiver particulier, qui aura vu l’arrivée d’une sécheresse hivernale, l’inquiétude était de mise à propos des évolutions de réserves en eau pour la suite de l’année.

Victor Haumesser est chargé de communication à l'Aprona, l’association pour la protection de la nappe phréatique d’Alsace. Il a tenu à clarifier une information parfois mal comprise. « La "nappe phréatique" d’Alsace n’est pas homogène », explique-t-il. En réalité, elle est composée de nombreuses petites nappes bien différentes. « Il y a différents secteurs qui vont fonctionner de manière distincte, qui sont alimentés en eau par différents canaux. »

"Il n’y a pas de risque de vider la nappe en Alsace"

Une fois cet élément clarifié, il est possible de se pencher sur le niveau réel d’eau dans la région et le risque de sécheresse pour cet été. Pour Victor Haumesser, « il n’y a pas de risque de vider la nappe en Alsace. Cependant, des soucis peuvent survenir dans certains secteurs, dans des endroits où la nappe est moins épaisse, plus soumise à des pressions humaines, comme des prélèvements. »

Des zones sensibles surveillées en permanence

Ces zones sont bien connues et identifiées par les experts de l’Aprona. « Dès qu’on commence à se rapprocher des Vosges, la nappe est moins épaisse et varie plus au cours de l’année, comme dans le Sud de l’Alsace. Mais la zone la plus sensible c’est celle du Grand Ried qui sert parfois en été pour de l’irrigation. » Une zone particulièrement surveillée dont l’état a déjà suscité l’inquiétude. « Sur les cinq points de surveillance qu’on a au Grand Ried, quatre ont déjà atteint le seuil de vigilance », observe Victor Haumesser. Le secteur a été placé en vigilance par la préfecture du Bas-Rhin, le vendredi 23 juin. 

Comme rappelé précédemment, l’année 2023 n’a pas commencé de la meilleure des manières et s’annonçait dès l’hiver comme une année sèche. Malgré les impressions des Alsaciens, le mois de mai n’a pas été très pluvieux. « En mai, contrairement à ce que l’on croit, il y a eu un déficit pluviométrique important en Alsace par rapport à la normale. Aujourd’hui, on est déjà dans la même situation que l’an dernier, qui était une année difficile », commente le chargé de communication de l’Aprona. 

Les orages du mois de juin n'ont pas permis de rattraper le retard

Les récents violent orages survenus dans la région n’ont pas suffi à rattraper ce retard. « Il y a toujours une période de recharge, durant l’hiver et au début du printemps lors des périodes de fortes précipitations. L’eau passe alors dans le sol et va remplir les nappes. » Mais en dehors de ces périodes, comme au mois de juin, « l’eau qui tombe n’a pas le même impact que pendant les périodes de recharge. Si le sol est déjà très sec, l’eau va ruisseler dessus, elle ne va pas s’infiltrer de la même manière que quand le sol est humide. » Ainsi, les récentes précipitations n’ont pas rempli les nappes comme elles auraient pu le faire au mois de mai par exemple, le sol étant déjà très sec après des périodes importantes sans le passage d’une seule goutte de pluie. 

"Enchaîner deux années sèches comme ça c’est de moins en moins rare"

L’année 2023 promet donc à nouveau d’être une année sèche comme celle de 2022. Un événement qui devient malheureusement plus commun. « Enchaîner deux années sèches comme ça, c’est de moins en moins rare. On voit que sur les dernières années ça arrive de plus en plus souvent », conclut Victor Haumesser.

Un outil pour suivre l'évolution des nappes d'Alsace

Pour suivre de plus près la situation des nappes phréatiques, un outil numérique a été mis en place par l’APRONA sur son site internet. Il permet de suivre de manière hebdomadaire l’évolution et les niveaux d’eau des différentes nappes phréatiques de la région.