Ils veulent reboiser l'Alsace

Publié : 10 novembre 2022 à 16h54 par Sébastien Ruffet

L'association Colibri Forest se mobilise pour planter des mini-forêts

Crédit : @Top Music - SR

La toute jeune association Colibri Forest a décidé de passer à l'action : des projets de mini-forêts sont en cours de réalisation dans le Bas-Rhin, et les objectifs ne manquent pas.

Redonner du souffle à notre nature. C'est la mission que se donne l'association Colibri Forest, fondée en 2019 par sept copains sensibles à la nature. Et plutôt que de "dépenser de l'énergie à se battre contre des choses, on s'est dit qu'on allait faire des choses", explique Vivien Grisnaux, le président de l'association. Leur idée, toute simple : planter des arbres. Après quelques informations glanées ici ou là, la bande de quadra (ou presque) découvre la méthode Miyawaki*. "On a lancé une expérience chez un privé, Julien Jund, qui a son entreprise à Scharrachbergheim. On a préparé le terrain, aéré le sol, mis du fumier, du paillage, en novembre 2020. On a ensuite planté les arbres le 14 février 2021 : des arbustes de 40-60 cm à la base et qui font déjà plus de 2.50m de haut pour certains."


Sur ce "terrain-test", 300 arbres et arbustes de 27 variétés différentes ont ainsi été plantés sur 100m². Le crowdfunding lancé pour l'occasion, à hauteur de 3000€, a été bouclé en 15 jours. 


Méthode


Comment s'y prend Colibri Forest pour élaborer ce nouvel espace vert ? "On définit les espèces, on fait le tour des forêts, des alentours", raconte Vivien, accompagné de Frédéric et Emilie. "On travaille avec le label Végétal Local, qui garantit que le végétal vient de la région, avec une génétique régionale. On va les mélanger au maximum, car les arbres n'ont pas les mêmes besoins aux mêmes moments, et ils vont puiser les uns chez les autres, pour finalement entrer en symbiose."


Avec une densité de trois arbres par mètre carré, l'équipe associe chêne, érable, hêtre, aulne... Afin de créer des écosystèmes et à terme, de créer des espaces refuges pour les petits rongeurs et les oiseaux. L'intérêt, c'est donc de multiplier ces espaces, aussi bien en espace urbain que "rurbain" : "On cherche des bénévoles, des terrains, de l'argent... Un peu tout ! (rires) Planter des arbres, ça ne coûte pas si cher (6-8€ par arbre), mais il faut trouver le temps et quelques financements quand même malgré tout. Ça peut être des privés, des entreprises, des collectivités...


Projet à financer à Uhrwiller


Après le test de Scharrachbergheim, la ville d'Obernai a aussi investi dans sa mini-forêt. La Ville de Reichstett se montre très intéressée. Et le prochain projet concret se trouve à Uhrwiller, où un agriculteur a mis à disposition 800m² pour un projet qui verra la plantation de 2400 arbres ! Là, c'est un financement à 10 000€ qu'il faut boucler, et une campagne de crowdfunding est en cours.


> Pour apporter votre contribution, c'est par ici 



En seulement deux ans, certains arbres dépassent déjà les 2 mètres !

La méthode Miyawaki


Akira Miyawaki était un botaniste japonais, décédé le 16 juillet 2021 à l'âge de 93 ans


Effaré par l'état des forêts au Japon, mais aussi en Allemagne, où il a étudié, Miyawaki a mis au point une technique de reforestation sur des sols sans humus, dégradés, voire urbanisés. Il a réussi à prouver qu'en plantant avec beaucoup de densité et de variétés des espèces autochtones, on pouvait "cicatriser" le sol, et retrouver en 20 à 30 ans le même couvert végétal que la nature aurait mis 200 à 300 ans à recréer. Et sans aucune autre intervention de l'homme, si ce n'est la plantation de départ. La méthode demande en amont une observation attentive et rigoureuse du "vrai" environnement naturel, puisqu'après diverses catastrophes naturelles, l'Homme a pu reboiser avec des essences d'arbres non indigènes (comme les résineux au Japon). En sélectionnant soigneusement les espèces réellement endémiques, il favorise ainsi un développement plus harmonieux et plus rapide.