Le Racing "sur la brèche" sur Prime Video
17 mars 2023 à 5h55 - Modifié : 20 mars 2023 à 7h37 par Sébastien RUFFET
Edouard Cissé est venu une première fois à la Meinau lors de la réception de Montpellier
Crédit : @Capture / Amazon Prime
C'est un documentaire presque en temps réel proposé par Prime Video. L'ancien pro Edouard Cissé va à la rencontre des clubs classés entre la 15e et la 20e place - dont le Racing - pour voir comment ils vivent cette lutte pour le maintien.
Le Racing Club de Strasbourg se serait bien passé d'être au coeur de ce (néanmoins) beau programme. A l'initiative de Prime Video, l'ancien footballeur Edouard Cissé se met dans la peau du confident dans les écosystèmes des clubs de Ligue 1 menacés d'une relégation. Angers, Auxerre, Troyes, Montpellier, Ajaccio et Strasbourg ont ainsi été visités par l'ex-joueur du PSG et de l'OM. On a contacté Edouard Cissé pour avoir son ressenti, à la fois sur ce programme, mais aussi, bien sûr, sur son feeling strasbourgeois.
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S.R. : Raconte moi la genèse de ce projet...
Edouard Cissé : On m'a proposé l'idée fin décembre, début janvier, au départ, j'ai pas compris, parce que je n'avais pas énormément joué le maintien dans ma carrière, dans mes souvenirs, et en creusant dans ma tête, je me suis rappelé que j'avais joué le maintien et j'étais même descendu avec Auxerre lors de ma dernière saison. Je l'avais chassé de ma mémoire ! Au final, ça avait du sens de suivre ces équipes qui, à partir de janvier-février, se trouvaient dans la zone rouge.
On sait que quand on est à la lutte pour le maintien, ça peut être compliqué d'ouvrir les portes... Quel a été l'accueil de tous ces clubs ?
L'accueil est plutôt bon, mais il a fallu faire comprendre qu'on ne voulait pas les accuser, mais simplement comprendre pourquoi ils en sont arrivés là. On nous a beaucoup dit "pourquoi venir nous voir ? Il reste beaucoup de matchs, ce n'est pas si alarmant, on va s'en sortir..." Mais The table don't lie, le classement ne ment pas. Les équipes avec qui on a commencé, elles étaient 17e, 18e, 19e, 20e, et si le championnat s'arrêtait là, elles descendaient. Donc quand tu t'appuies sur les faits, c'est dur de dire le contraire.
Edouard a sorti le parapluie en arrivant à Strasbourg
Le documentaire s'intéresse aussi à la vie qui tourne autour des clubs, pas seulement à l'aspect purement sportif...
J'ai connu ça à Paris où on se sauve à cinq journées de la fin donc c'était potentiellement des amis, des connexions, qu'on connaissait depuis des années qui risquaient de perdre leur emploi. C'est pas top, on ne joue pas que pour nous, on joue aussi pour eux. J'en avais conscience. Après, les joueurs sont au courant de tout ça, pour certains ils ont déjà connu des descentes. Après, il fallait aller au-delà du spectre sportif et aller voir dans les villes s'il y allait avoir des conséquences au niveau de l'activité économique, parce que la Ligue 1 ça ramène des supporters, de la visibilité. C'était intéressant aussi. Voir les villes qui pourraient survivre à une relégation, et d'autres pour qui ce serait beaucoup plus compliqué.
Comment tu as senti les supporters strasbourgeois ?
Les supporters du Racing, il y a un mois, ils étaient sous le choc, un peu patraques. A la fin, beaucoup plus d'espoir après un super match à la Meinau contre Montpellier, et depuis c'est plus compliqué ! Je vais revenir les voir et je t'en dirai plus la prochaine fois !
Ton sentiment sur le Racing Club de Strasbourg ? Tu le vois se maintenir ?
Armés sportivement, ils le sont, c'est presque les mêmes joueurs, à part Ajorque qui est parti. C'est un groupe de qualité, mais avec un trauma qui s'est installé depuis quelques journées qui fait qu'il y a ce spectre de la relégation. Est-ce que ces joueurs sont armés psychologiquement pour relever les manches et inverser la tendance ? En tout cas ils ont les qualités techniques pour le faire. C'est ce qui est magique dans le foot : quand on est dans ce cycle, il y a beaucoup d'interrogations. Moi ça m'intéresse beaucoup. Est-ce qu'ils vont trouver les leviers ? Comment ? Un nouvel entraîneur, Antonetti, un mec, gueulard, qui va essayer de remobiliser tout ça. Est-ce qu'il va y arriver ? C'est ça qui va rendre cette fin de saison palpitante pour Strasbourg. Après, moi, par rapport à ce qu'ils ont proposé, à cette ambiance, ce stade, en pur supporter, j'ai envie que les joueurs trouvent le moyen de gagner, de renverser la tendance et de se maintenir pour la saison prochaine, mais ça... To be continued !
Est-ce que tu retiens un moment particulièrement fort de ce premier épisode ?
Toutes ces personnes avaient un peu peur - parce que c'est pas discret, deux caméras qui arrivent, une grande perche... Les témoignages des joueurs, des dirigeants, des supporters, des commerçants, quand ils se livrent, c'est poignant, c'est touchant, ils sont tous magnifiques. Il y en a un qui m'a bluffé, c'est Vincent Marchetti, de l'AC Ajaccio, qui est un vrai talent, qui est formé en Corse, qui revient sur son île... Il montre son attachement au club, il dit : "j'ai fini mon jeu. Je me suis fait deux fois les croisés, je joue sur mon île, dans ma ville, avec les gars que j'aime, j'ai fini mon jeu." Je trouve cette phrase puissante, et c'est ça le foot. J'espère t'en citer d'autres dans les différents épisodes. Mais voilà, tous les témoignages sont émouvants, mais celui là en particulier, parce qu'il y a une punchline qui est top.
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