Strasbourg, place forte de la recherche contre le cancer

31 janvier 2024 à 11h57 - Modifié : 1er février 2024 à 11h59 par Sébastien RUFFET

Les cellules cancéreuses et leurs interactions sont étudiées jour après jour

Crédit : @Top Music - SR

L'Institut de Génétique, biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC) de Strasbourg a fait un point sur ses dernières recherches liées aux cancers, notamment des projets largement soutenus financièrement par l'ARC. Des avancées majeures pourraient prochainement être réalisées.

Depuis 30 ans, l'IGBMC de Strasbourg étudie les mécanismes fondamentaux de la vie. Les cellules qui nous composent étant à l'origine des cancers (voir ci dessous), les chercheurs de l'Institut ont permis de grandes avancées, avec une compréhension toujours plus précise des origines, des facteurs de développement, mais aussi des pistes de traitement pour différents types de cancers. Car il faut bien employer le pluriel. Spécialisé dans le cancer du rein, le professeur Gabriel Malouf explique ainsi qu'au "sein d'un même organe comme le rein, il faut des traitements différents selon ce qui est touché". Plus globalement, les cellules cancéreuses ne réagissent pas toutes de la même manière. Là où la chimiothérapie ou l'immunothérapie se montreront efficaces, elles ne le seront pas du tout dans d'autres cas. Pour aller plus loin, les équipes de l'IGBMC ont bénéficié de trois millions d'euros ces cinq dernières années de la part de la Fondation ARC. La Fondation qui a alloué 20M€ en six ans à la recherche sur l'immunothérapie en France.


Pancréas : deux protéines identifiées


D'où l'importance de spécialiser la recherche pour aller de plus en plus vers des traitements individualisés. La post-doctorante Eva Pangou, elle aussi soutenue par l'ARC - Association pour la Recherche contre le Cancer, représentée par son directeur François Dupré - s'est penchée sur le cancer du pancréas, "très fréquent et très agressif. On voit une incidence et une mortalité supérieures en France par rapport aux autres pays d'Europe. En Alsace, on constate une mortalité légèrement supérieure à la moyenne nationale, notamment chez les femmes. C'est un cancer souvent diagnostiqué à un stade avancé parce qu'il peut rester longtemps sans symptômes." La chercheuse grecque d'origine a réussi à mettre en évidence le rôle de deux protéines (PKD et MFF) dans le développement de ce cancer du pancréas. Sur cette base, elle espère ainsi "pouvoir réussir à diagnostiquer la maladie à un stade plus précoce pour réussir à traiter les patients". 


Prostate : comprendre la résistance des cellules cancéreuses


Daniel Metzger, directeur de recherche au CNRS, se penche avec ses équipes sur le cancer de la prostate, qui fait 8 700 morts en France chaque année (250 en Alsace). "C'est une maladie lente, dont on peut voir les premiers signes vers 40 ans, avec un développement plus agressif autour de 65 ans. Il n'y a pas de traitement curatif aujourd'hui, alors quelle va être la stratégie thérapeutique ? On a identifié la cible pour les cancers métastatiques, et on cherche à comprendre les échecs des thérapies actuelles. L'idée étant d'aboutir à un traitement spécifique par type de cancer. La chimio, c'était l'arme nucléaire, on détruit tout. Mais si des cellules y résistent, il n'y a pas d'efficacité, mais il y a des effets secondaires, c'est aussi ce que l'on veut éviter.


Rein : pourquoi le traitement fonctionne ou non ?


Plus en détail, Gabriel Malouf est lui revenu sur le cancer du rein, qui représente 15 000 cas par an en France, dont 5 000 métastatiques (sans traitement possible). Un cancer foudroyant avec des patients qui peuvent décéder dans l'année. "La chimio n'est pas du tout efficace, mais on a vu que l'immunothérapie l'était dans 10% des cas. Mais dans 40% des cas, elle ne fonctionne pas... Est-ce qu'on peut identifier ces patients ? Qu'est-ce qui fait qu'une cellule va répondre au traitement ? On a pu voir que si vous prenez deux personnes absolument identiques d'un point de vue génétique, leurs gènes ne vont pas s'exprimer de la même manière, en fonction de leur environnement. On a pu étudié de près cette épigénétique, et on va fait des découvertes déterminantes." A noter que ce cancer du rein est plus répandu en Alsace qu'ailleurs, sans qu'une explication ait pu être trouvée jusqu'ici.


 



Daniel Metzger, Gabriel Malouf, Eva Pangou et François Dupré. / @TopMusic - SR









Un cancer, c'est quoi ?


Pour revenir à la base du problème et comprendre ce qu'est un cancer, le Pr. Daniel Metzger explique le plus simplement possible ce qu'est un cancer : "On est composé d'un grand nombre de cellules. Elles dérivent toutes d'une cellule unique, au départ et qui vont acquérir des caractéstiques différentes. Elles se divisent pour produire l'ensemble de l'organisme, mais à un moment cette division va s'arrêter. Dans le cas d'un cancer, cette cellule va continuer à proliférer et au lieu de rester à l'endroit où elle est censée être, elle va se déplacer vers des organes où elle ne doit pas être, et ça ce sont les métastases, et c'est ce qui est dangereux. C'est donc à partir du moment où les cellules quittent leur environnement normal pour coloniser d'autres organes.



 



L'étude des cellules au sein de l'IGBMC. / @TopMusic - SR


-----------------------------------------------


A lire aussi 


> Votre sang est rare ? Faites un don


> 163M€ pour les gares du Grand Est