Bas-Rhin : peu de risques de coupures de courant

Publié : 14 janvier 2023 à 8h54 - Modifié : 14 janvier 2023 à 10h59 par Sebastien Ruffet

Distribution électricité
C'est ici que Strasbourg Electricité Réseaux gère les flux de tout le Bas-Rhin
Crédit : @Top Music - SR

Un hiver pour l'heure moins froid que prévu, des énergies renouvelables qui tournent bien, des réacteurs nucléaires qui redémarrent : le spectre de la coupure de courant s'éloigne, malgré de vraies tensions sur le marché de l'énergie.

Le distributeur Strasbourg Electricité Réseaux, qui envoie de l'énergie à 600 000 foyers et entreprises dans tout le Bas-Rhin, a tenu à se montrer rassurant : si les risques de délestage ne sont pas totalement écartés, la situation actuelle est beaucoup moins alarmante qu'il y a quelques semaines. Plusieurs raisons à cela : 

  • L'appel à la sobriété a porté ses fruits : dans le Bas-Rhin, la consommation des ménages a baissé de 9% par rapport à l'an dernier.
  • Des conditions climatiques beaucoup plus douces, et donc une consommation moins importante pour le chauffage.
  • La neige a fondu, et les barrages hydroélectriques sont à nouveau pleinement opérationnels. Le vent s'est invité ces dernières semaines et l'éolien a pu produire massivement.
  • Plusieurs réacteurs nucléaires ont pu être redémarrés, malgré des maintenance de corrosion sous contrainte qui ont obligé à des arrêts. Aujourd'hui, 42 réacteurs sur 56 sont en activité.
  • Les gros industriels ont aussi joué le jeu en décalant, quand c'était possible, leur consommation. 

Des coupures de courant cet hiver ?

Tous ces éléments font dire aujourd'hui à Jean-Claude Mutschler, le directeur général de SER, que "les messages sont moins anxiogènes concernant le délestage". Toutefois, si les températures venaient à chuter pendant une période assez longue, les coupures de courant seraient gérées pour pénaliser le moins possible. "Pour un particulier, ça ne serait pas plus de deux heures, et ensuite, s'il y avait encore besoin, ce serait un autre secteur qui serait concerné. Les sites sensibles comme les hôpitaux ou les secours ne seraient pas concernés. De même, il n'y a pas de crainte concernant les frigo ou les congélateurs, ils sont tout à fait capable de garder le frais pendant ce laps de temps." 

D'un point de vue informatif, un système par SMS serait beaucoup trop contraignant. C'est donc au consommateur de faire la démarche pour savoir s'il pourrait être concerné par une coupure. D'abord avec l'appli ou le site monecowatt.fr qui donne la tendance sur les trois prochains jours. Si on est dans le rouge, alors il faudra faire un tour sur le site info-delestage67.fr qui indiquera à J-1 quelles zones seront concernées par un éventuel délestage électrique. 

Qui décide ?

Tout se joue au niveau national. RTE va demander une baisse de charge aux opérateurs locaux. A partir de là, la Préfecture signale quels sont, à ses yeux, les sites sensibles qui ne doivent pas être concernés par des coupures. SER, pour le Bas-Rhin, va ensuite procéder à des arbirages en essayant d'agir à tour de rôle, pour que la crise soit répartie de façon la plus équitable possible. 

On exporte de l'électricité

Le réseau, comme le marché, est aujourd'hui européen. Tous les pays sont interconnectés et s'échangent à longueur de journée de l'électricité, car celle-ci "ne peut pas être stockée, en tout cas pas en grande quantité", rappelle Jean-Claude Mutschler. Ce qui est produit doit être consommé, chez nous, ou chez les autres ! Le parc nucléaire français joue ici un rôle de régulation au niveau européen, puisque "les énergies renouvelables sont prioritaires. Elles produisent, ou pas. Mais on n'est jamais sûrs de la météo. Donc l'ajustement se fait par le nucléaire, et cela nous permet d'avoir une stabilité sur le réseau. Là, ça nous permet par exemple de conserver l'hydraulique en cas de pointe.

Quels tarifs ? 

La conjonction de plusieurs facteurs a fait exploser le cours de l'électricité, qui reste un marché comme un autre. Le prix du gaz (l'électricité reste indexée sur le prix du gaz), les centrales en carafe, une météo peu favorable, la guerre en Ukraine... Historiquement, "le cours de l'électricité était autour des 42€ le MégaWatt/heure. Au plus fort de la crise, fin août, il est monté à plus de 1000€ ! Mais ce que j'évoquais précédemment a fait que l'on a une détente des acheteurs sur ces marchés, et les prix reviennent à quelque chose de plus acceptable." Un coup d'oeil au marché pour constater que ce 13 janvier, le MégaWatt/heure s'échangeait autour des 130€. Problème, on achète l'énergie pour une période donnée, par trimestre, année, voire sur des contrats sur trois ans. Autrement dit l'électricité achetée fin 2022 à prix d'or va encore se répercuter sur les factures quelques semaines, avant de pouvoir souffler. Et encore, la France a instauré un bouclier tarifaire pour les particuliers, qui n'existe pas ailleurs en Europe... 

Jean-Claude Mutschler, le DG de Strasbourg Electricité Réseaux