Gregory : 40 ans de mystère

16 octobre 2024 à 12h52 - Modifié : 16 octobre 2024 à 20h04 par Sébastien RUFFET

Le petit gregory
Grégory n'avait que 4 ans quand il a brutalement disparu
Crédit : @DR

C'est l'un des grands mystères de la justice française. Retrouvé noyé le 16 octobre 1984, Grégory Villemin a été la petite victime d'un ou de plusieurs ignobles commanditaires. Des rumeurs, des pistes, mais 40 ans plus tard, toujours aucune certitude autour de cette affaire qui a fait couler beaucoup, beaucoup d'encre.

Une petite bouille intemporelle. Un sourire naïf, des bouclettes en pagaille, l'image éternelle d'un enfant emporté à l'âge de l'innocence pour des raisons qui restent, 40 ans plus tard, inexpliquées. Celui connu pour l'éternité comme "le petit Grégory" réclame toujours justice

Des documentaires, des enquêtes, des livres, et même une série ont été consacrés à cette affaire hors norme qui continue de passionner les Français, et même à l'étranger. Comment, dans cette France du début des années 1980, dans ce petit village, Lépanges-sur-Vologne, où tout le monde se connaît, un petit garçon de 4 ans a-t-il pu échapper à toute surveillance, avant d'être retrouvé mort 7km plus loin, ligoté dans le lit de la rivière Vologne ? Qui a bien pu s'en prendre à ce bout de chou, et surtout pourquoi ? 

Le giron familial

Dans cette famille au passé déjà lourd, fait de violences, de secrets et de silences, rien n'a jamais été très clair quant aux relations qui unissent ou opposent les frères, neuveux et cousins entre les Villemin et les Jacob notamment. Dans ces Vosges industrialisées post-choc pétrolier, la vie est dure, cloisonnée. C'est tout cela qui va très rapidement orienter les gendarmes vers la piste familiale. Une piste qui restera toujours privilégiée, notamment avec ces lettres du "corbeau", qui revendique l'assassinat de Grégory, en évoquant une "vengance". Pas de doute : c'est un proche de Jean-Marie et Christine Villemin, les parents de Grégory. 

Au fil des années, et après un début d'enquête bâclé (pièces à convictions manipulées par plusieurs personnes, vérifications tardives...), les soupçons vont se porter sur différentes personnes de cette famille pas comme les autres. 

Laroche, Bolle, Jacob, Villemin...

L'un des principaux suspects, c'est Bernard Laroche, le cousin de Jean-Marie Villemin. Plusieurs témoins, dont sa belle-soeur Murielle Bolle (qui se rétractera), disent l'avoir vu en voiture accompagné de celle-ci, de son fils Sébastien, et de Grégory. Murielle Bolle avait même dans un premier temps déclaré que la voiture s'était arrêtée à Docelles, et que Bernard et Grégory en étaient sortis. Après plusieurs essais avec un mannequin, c'est en effet cet endroit qui avait été jugé le plus crédible pour l'immersion du corps dans la Vologne. L'autopsie, superficielle, n'avait pas permis de savoir si la victime avait été droguée auparavant par exemple, ou si elle était déjà morte quand son corps a été jeté dans l'eau. En 1985, convaincu de la culpabilité de Bernard Laroche, Jean-Marie Villemin viendra l'abattre d'un coup de fusil, éteignant toute possibilité d'aveu ultérieur. Il sera plus tard incarcéré à Saverne, avant de retrouver la liberté.

Avec l'évolution de la technologie, les enquêteurs estiment en 2024 que plusieurs personnes pourraient être responsables des différentes lettres anonymes, relançant la théorie d'un complot familial. Au fil des décennies, les grands parents Albert Villemin et Monique Jacob, grand-oncle ou grande-tante - Marcel et Jacqueline Jacob - vont tous être soupçonnés à différents degrés. Mais certains ADN relevés ne correspondent à aucun des 150 profils versés au dossier depuis ce 16 octobre 1984. 

Des témoins qui se rétractent, des scènes inavouables, un juge d'instruction pointé du doigt, des mises en examen tardives, et, avec le temps, des protagonistes qui disparaissent... L'affaire Grégroy ne livrera peut-être jamais sa vérité. Chacun peut avoir son avis, mais en l'absence de preuve irréfutable ou d'aveux sincères, la mort de ce petit garçon de 4 ans restera comme un mystère judiciaire. 

Les études de graphologie et de stylographie ne donnent pas les mêmes résultats...