Mondial des Vins Blancs : 96/100 pour un Gewurtz alsacien !
20 mars 2024 à 10h09 - Modifié : 21 mars 2024 à 11h37 par Sébastien RUFFET
Le Mondial des Vins Blancs de Strasbourg n'a pas encore rendu toutes ses copies, mais il a déjà dévoilé quelques trophées, dont le plus prestigieux, le Grand Prix du Jury. Face à des concurrents du monde entier, c'est un vin alsacien qui a séduit le jury international.
C'est une note d'exception qui est venue récompenser le gewurztraminer vendanges tardives de Ruhlmann-Schutz à Dambach-la-Ville. 96/100, il ne reste plus grand chose pour atteindre la perfection. Face à de nombreux vins venus du monde entier, les vins d'Alsace ont encore prouvé qu'ils occupaient le haut du panier. Et au-delà des concurrents, la note en elle-même suffit à placer ces vins parmi les meilleurs du monde. On rappelle que le Mondial des Vins Blancs de Strasbourg - en marge du salon EGAST - est placé sous l'égide de l'OIV et membre de l'organisation VINOFED. Les médailles distribuées à Strasbourg ont donc une vraie valeur internationale.
Les vins primés / @Bartosch Salmanski
Les membres du jury, venus de partout - Alsace, Chili, Hongrie, Italie... - ont pu confronter leurs papilles et leurs habitudes pour affiner les notes. Chez les effervescents, le Crémant du domaine Moltes à Pfaffenheim récolte l'or avec une note de 95,17/100. Là aussi, on touche à l'excellence. Les vins orange ont aussi une place à part dans ce concours, et devinez quoi ? Encore un Alsacien qui monte sur la plus haute marche : 93,71/100 pour l'AOC Alsace Clepsydre du domaine Baur à Eguisheim.
Le coup de coeur de la première participation revient à un vin d'Andorre ! Minuscule pays coincé entre la France et l'Espagne, qui est venu proposer un Riesling récolté à 1190m d'altitude, au coeur des Pyrénées. Le domaine Borda Sabate, de Sant Julia de Loria, se fait un nom avec une belle note de 94,33/100. A noter enfin le prix VINOFED Grand Or pour un vin tchèque : un cabernet blanc produit à Krumvir par Josef Valihrach (93,71/100).
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Masterclasse passionnante : la Hongrie Le Mondial des Vins Blancs proposent en plus du concours des masterclasses ouvertes à tous pour en apprendre un peu plus sur une appellation, un cépage, un pays... J'ai ainsi participé à celle intitulée "Ça pétille aussi en Hongrie", autour de la grande tradition des vins effeverscents dans le pays. C'est l'oenologue Gabriela Orosz qui animait cette séance d'environ une heure en replongeant dans la riche histoire des vins hongrois et ses 6 grandes régions viticoles. On ne l'imagine peut-être pas, mais sous le même parallèle que la Californie ou le Val de Loire, et avec des scols volcaniques et calcaires, la Hongrie est une terre de viticulture depuis toujours. On a ainsi retrouvé des sarcophages datant du 3e siècle représentant le travail de la vigne. Ici, on ne dit pas "Champagne", ni "Crémant", mais "Pezsgö" ([pèche-gueu]). C'est l'intitulé pour les vins effeverscents à bulles naturelles (pas d'ajout de gaz). Gabriela a pioché parmi les 156 cépages de Hongrie pour faire découvrir la qualité de ces terroirs. De la dégustation, on retiendra notamment le Torley 100% Chardonnay Brut, qui rappelle la grande élégance des Champagne français, mais avec un fruité plus prononcé. Le domaine Degenfeld 100% Furmint (un cépage autochtone) et le domaine Kreinbacher de l'AOC Somlo atteignent de leur côté des niveaux de finesse extraordinaires. Et comme le disait Gabriela, "les vins hongrois restent encore relativement accessibles", bien que d'une qualité exceptionnelle. Pour l'Histoire, on retiendra que Torley a été le premier à développer des vins de grande qualité, dans le sillon de ce qu'il faisait à Reims (avant l'épidémie de phylloxera dans les années 1875-1880 qui obligera nombre de viticulteurs à partir). Le Tokay, lui, était déjà inscrit depuis longtemps dans la panthéon des vins. Louis XIV lui-même le considérait comme "le Roi des vins, le vin des rois" ! C'est aussi en Hongrie que l'Empereur François-Joseph d'Autriche venait s'approvisionner. Bien que mise à mal par l'économie de masse de la période soviétique - Staline voulait de la quantité et pas de la qualité pour abreuver le peuple - la Hongrie a su se repositionner ces dernières années sur des créneaux beaucoup plus intéressants et gastronomiques. A essayer ! |