Strasbourg, une nature à observer

On l'ignore mais le Rohrschollen est la deuxième zone d'hivernage de France, derrière la Camargue ! Chaque hiver, on peut observer 15 à 20 espèces différentes prendre leurs quartiers, se restaurer, parader. Elles sont même une trentaine à quelques encablures, sur le plan d'eau de Plobsheim, autre "spot" bien connu des oiseaux migrateurs. Selon Jean-Marc Bronner, de la Ligue de Protection des Oiseaux, on a recensé 300 oiseaux cette année, alors qu'ils étaient 5 000 en 2012. Le signe bien tangible, pour lui, "d'un réchauffement climatique qui laisse les oiseaux plus au nord". 

Il vaut mieux se munir de jumelles / @Top Music - SR

Les oiseaux que l'on observe viennent en effet du nord et de l'est de l'Europe, là où l'hiver les eaux se glacent. Sur le Rhin, ils vont trouver à manger et de quoi s'abriter. Le harle bièvre, par exemple, vient de plus en plus souvent prendre ses quartiers sur l'île du Rohrschollen, au sud de Strasbourg, au grand plaisir des observateurs de la nature. Et contempler les parades amoureuses ou les plongeons déterminés de certaines espèces, c'est possible ! Un nouvel observatoire a été construit à la place d'un "ancien qui avait vécu", souligne la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian, qui a fait le déplacement pour un sujet qui lui tient forcément à coeur. "On a une dimension pédagogique qui permet de rappeler la richesse de notre patrimoine naturel, mais aussi sa fragilité." L'an passé, 1 600 enfants de 65 classes ont fait l'objet d'opérations de sensibilisation. 

Provoquer des émotions

Si cette installation n'a rien de révolutionnaire, elle permet néanmoins d'avoir un endroit au sec, abrité, pour venir écouter et voir les oiseaux d'eau en famille. Un petit goûter et c'est parti ! "Nous sommes convaincus que si des gens ont des outils pour appréhender la nature, ils seront plus enclins à participer à sa protection", poursuit Jean-Marc Bronner. "Voir un oiseau de près, ça peut procurer des émotions !" Signe que les choses peuvent aussi évoluer dans le bon sens, on recense dans cette ancienne forêt alluviale (sujette à inondations régulières dans le lit d'un fleuve) des "espèces sensibles au dérangement". Si elles sont là, c'est qu'elles s'estiment au calme et en sécurité. 

Un observatoire discret pour préserver la quiétude des oiseaux.

Daniel Baumgarten est animateur nature pour les réserves naturelles de Strasbourg, et pour lui, on a là "un des milieux les plus riches d'Europe en termes de biodiversité. Il suffit d'être curieux, d'ouvrir les oreilles, même si ce sont des animaux sauvages qui cherchent leur tranquillité. On magnifie le chevreuil, ces grandes bêtes, mais on ne va pas s'émerveiller devant un joli petit criquet bariolé... Mais c'est en fait très riche !" Daniel, qui regrette que les citadins n'aient pas conscience de cette richesse, propose des visites et des animations pour justement faire découvrir ce petit univers à part. Et pour nous, c'est aussi une respiration.

Jeanne Barseghian s'est prêtée au jeu de l'observation.

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