"Le reconfinement est absolument nécessaire" : interview du Dr Lefebvre du CHU de Strasbourg

29 octobre 2020 à 13h28 - Modifié : 10 mai 2021 à 11h04 par Anne-Sophie Martin

Le service des maladies infectieuses du CHU de Strasbourg est actuellement saturé. /@wikipedia

L’épidémie progresse de façon galopante, avec un taux d’incidence de 576,5 habitants pour 100 000 habitants sur l’agglomération de Strasbourg. La mesure de reconfinement, annoncée hier par Emmanuel Macron était attendue par les soignants comme le Dr Nicolas Lefebvre, chef du  service des maladies infectieuses au CHU de Strasbourg. Son service est actuellement saturé. 



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— Préfète de la région Grand Est et du Bas-Rhin (@Prefet67) October 29, 2020




Extraits de l’interview avec le Dr Nicolas Lefebvre chef du service des maladies infectieuses du CHU de Strasbourg. 


Le service des maladies infectieuses est actuellement saturé au CHU de Strasbourg, le nombre de patients Covid (ils sont une centaine en ce moment), se télescope avec les autres patients qui ont d’autres pathologies. La situation est difficile à gérer. Par ailleurs, les effectifs sont en tension, mais on a encore peu de transferts en réanimation puisque nous sommes en décalage de 15 jours par rapport aux autres territoires en France, les plus impactés par le Covid.” 


On revit les mêmes moments douloureux et de stress de la première vague avec la prise en charge compliquée des patients. On a l’impression d'être au début d'un mur ou d'une pente extrêmement raide qu'il va falloir à nouveau affronter.


Avez-vous prévu de déprogrammer des opérations ?                                                           


"C'est une question qui se pose actuellement. Il est envisageable qu'à très court terme il y ait des déprogrammations avec toutes les difficultés que ça va créer."


Le confinement vous semble-t-il absolument nécessaire pour juguler l'épidémie ?           


"Le confinement me paraît tout à fait nécessaire, il faut des mesures drastiques car le couvre-feu n’a pas vraiment montré de résultat. Il faut aller au-delà. Tout le monde doit prendre conscience que le virus peut toucher chaque famille. Même si il y a confinement, il faut également insister sur le port du masque. Quand on est en présence de sa famille qu’on ne côtoie pas tous les jours, il est essentiel que chacun porte le masque et respecte le mètre de distance."


Cette seconde vague s’annonce-elle plus sévère que la première ?                                   


"Difficile de répondre à cette question. (...) Au niveau national, il est envisageable que le nombre de patients soit plus important. Car l’épidémie s’est disséminée dans les grandes métropoles,  mais aussi un peu partout dans des plus petites villes, chose qu’on ne voyait pas lors de la première vague."


Le virus est-il autant virulent que lors de la première vague ?                                             


"Les patients sont absolument identiques à ceux de la première vague. Nous retrouvons des personnes âgées dans nos services qui ont croisé de la famille récemment. Cette maladie touche beaucoup de personnes âgées mais aussi des personnes plus jeunes, nous avons de jeunes adultes âgés entre 20 et 40 ans, touchés par des gênes respiratoires liées au Covid. Il faut que tout le monde se protège du mieux possible !"


Malgré la saturation des services hospitaliers, que répondez-vous aux sceptiques qui disent que le taux de mortalité du Covid-19 n’est pas si élevé ?                                         


 "La réponse à cette question est assez simple : la grippe génère en France environ 15 000 morts par an. Si des mesures n’étaient pas prises en France, la Covid 19 pourrait tuer contre 150 000 et 450 000 morts, la létalité de la maladie est extrêmement importante, elle est bien supérieure à la grippe. Il n’y a pas que le nombre de morts, il y a aussi les personnes malades qui restent à domicile qui ne peuvent plus travailler et qui impactent l’économie du pays."


Retrouvez ci-dessous l'interview en intégralité du Dr Nicolas Lefebvre, chef du service des maladies infectieuses du CHU de Strasbourg.