Alsacien et marin, c'est possible !
Publié : 5 avril 2022 à 13h58 - Modifié : 5 avril 2022 à 14h34 par Sebastien Ruffet
Un moment symbolique pour les jeunes recrues
Crédit : @Top Music - SR
Six jeunes alsaciens partiront prochainement en formation pour intégrer la marine nationale, et notamment l'un des sous-marins français.
Sur les 42 000 personnels mobilisés au sein de tous les services de la marine nationale, on compte aujourd'hui 644 Alsaciens d'origine. Région pratiquement la plus loin de tout accès à la mer, on peut se demander comment un Alsacien peut se retrouver dans la Marine. "Oui, l’Alsace fournit des marins, aussi surprenant que cela puisse paraître", abonde Marine Monjardé, responsable du recrutement dans le Grand Est, elle-même originaire de Souffelweyersheim. "On a des similitudes avec ses plans d’eau, le Rhin, ses gravières… L’Alsace a un rapport à l’eau qui est marqué." Huit jeunes, dont six présents ce jour-là pour un accueil symbolique au Palais du Gouverneur de Strasbourg, vont donc suivre la formation de quatre mois au sein de l’école de la Marine Nationale, avant de poursuivre dans des écoles de spécialité. "La Marine, c’est 80 métiers différents, dans 12 grands domaines", poursuit Marine Monjardé. "Aujourd’hui c’est un peu plus dans les opérations navales, mais aussi dans les manœuvres et la navigation, ou des domaines très variés, comme la restauration. Le sous marinier qui nous a fait une présentation a rappelé l’importance du bien manger sur le moral des troupes."
Trouver sa voie
Pour les six jeunes accueillis, après les formations à Brest et Saint-Mandrier, le parcours est déjà tracé : "Deux seront navigateurs-timoniers, deux détecteurs anti sous-marin, un détecteur en surface et un spécialiste des opérations sur sous-marin."
Parmi les six garçons présents ce jour-là (une fille sur les huit), il y a Marc, 26 ans, qui en avait "marre de stagner. J’estimais avoir ma place au service du pays et des Français tout simplement. Un des seuls moyens, c’était l’armée, et la marine, c’est la possibilité de voyager. Je suis monté quelques fois sur des bateaux de tourisme, mais c’est tout." Le natif de Sélestat a donc emmagasiné pas mal d’informations, lui l’ancien prof d’Anglais !
Sous l'eau, toute une stratégie
Le Maître principal Jean-Christophe (les militaires gardent l'anonymat), engagé en 1997, originaire de Strasbourg, a proposé un aperçu de l'importance stratégique de la marine et notamment des sous-marins. Aujourd'hui, la France dispose de 10 sous-marins dont 4 lanceurs d'engin nucléaire, "capable d'éradiquer 80 millions de personnes. C'est ce qu'on appelle la persuasion." Le Triomphant, le Téméraire, le Vigilant et le Terrible écument donc les mers, à la recherche d'informations, agissant notamment dans le domaine du renseignement. "Aujourd'hui, 90% de la dissuasion nucléaire de la France est sous l'eau", poursuit Jean-Christophe. "Un SNLE (sous-marin nucléaire lanceur d'engin), c'est 120 membres d'équipage, dont 3 personnes seulement connaissent la position. Même le Président ne la connaît pas. Il dispose d'un bloc opératoire, et tout ce qu'il faut pour passer 90 jours sous l'eau." Les futurs sous-mariniers passeront d'ailleurs des tests psychologiques, "afin d'être prêts pour ça." Sur un SNA (sous-marin nucléaire d'attaque), le médecin est surnommé le "sorcier" : "Il est là pour faire de la magie !", rigole Jean-Christophe.
Pas peu fier du niveau de technologie de la marine française, Jean-Christophe a ensuite présenté le Barracuda, SNA nouvelle génération. "On est au-dessus de la technologie d'Ariane 5, là, c'est Star Wars." Lui comme le prochain Suffren, sont capables de viser des cibles terrestres à 1000 km avec une précision de 50 cm.
Autre précision : "On a des sous-marins français, équipés de têtes nucléaires françaises. Si on décide d'appuyer, on appuie. Les Britanniques, l'autre force nucléaire navale, ont des appareils britanniques, mais des engins américains. Ils ne sont pas seuls maîtres de leur décision. Nous, oui."
Attention à la nuance : le SNA, s'il est nucléaire, c'est par l'énergie qui le propulse. Seul le SNLE dispose d'ogives nucléaires prêtes à être tirées.
Le rôle de la marine, c'est aussi d'assurer la bonne tenue du commerce maritime, notamment au large des côtes françaises. Que ce soit pour des opérations malveillantes (pirates...), ou de secours en cas d'avarie.
Recrutement
La Marine recrute chaque année 4 000 jeunes (dont 50 à 60 en Alsace en moyenne).
A Strasbourg, le Centre d'Information et de Recrutement, propose chaque année 35 places, pour un stage découverte sur 12 samedis, ajouté d'une semaine d'immersion à Brest. Les stagiaires passeront par ailleurs le diplôme de secourisme. N'hésitez pas à vous renseigner.
> CIRA : 03 90 23 26 70 / A partir de Bac +3 : 03 83 77 25 13
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