Environnement : se recentrer sur l'utile

1er février 2022 à 16h35 par Sebastien Ruffet

Faire le tri, c'est bon pour la planète... et pour sa chambre !

Crédit : @Ademe

L’ADEME a mené une étude auprès de 21 foyers sur les notions de « désencombrement » et de consommation plus sobre et plus responsable.

L’Agence de l’Environnement de la Maîtrise de l’Energie avait lancé en 2018 des travaux autour de l’empreinte environnementale des objets du quotidien. Avec sans surprise, le constat que le gros de cette empreinte était généré lors de la fabrication.


Lors de cette deuxième phase, l’ADEME s’est intéressée aux comportements des Français. « L’objectif n’est pas de montrer du doigt », a tout de suite tempéré Pierre Galio, chef de service consommation responsable à l’ADEME. « On sait qu’on est dans une société de l’offre, avec de la publicité, du marketing… On tient à analyser ces comportements pour voir comment faire basculer vers une société de la demande, où les choix des citoyens pourraient faire bouger les lignes. » Pour simplifier, plus on consommera de bio, plus les producteurs en feront, plus on voudra du réparable, plus les industriels en proposeront, plutôt que du jetable.


Faire évoluer petit à petit


L’observation a donc tourné autour de six familles d’objets : vêtements, meubles, bricolage, jouets, équipements sportifs et objets électroniques. Il a ainsi été demandé aux familles, dans un premier temps, de donner une estimation de ce qu’ils possèdent. Marie Vegas est Home Organiser, elle a collaboré avec l’ADEME sur ce projet : « Je me souviens de Carine qui pensait avoir 6 paires de chaussures, alors qu’elle en avait 29 ! » Le principe a ensuite été d’identifier les objets gardés parce qu’ils sont utiles, ou… Pour rien.


Pierre Galio précise toutefois qu’il « n’y a pas de ‘bon’ nombre d’objets. C’est en fonction de l’utilité de chacun. Si on prend l’outillage, on voit qu’une perceuse va servir dix minutes en moyenne dans une vie. A-t-on intérêt à en acheter une pour le jour où on en aura peut-être besoin ? Ne peut-on pas louer ou se la faire prêter à ce moment ? »


C’est donc sur les habitudes qu’il faut jouer : « Une habitude, on ne la jette pas par la fenêtre, on la fait descendre par l’escalier» Autrement dit, c’est progressif.


Méthode simple à appliquer


Laure a participé, avec son mari et ses deux enfants. Elle a suivi une autre recommandation de l’ADEME : la temporisation. « J’achetais localement, en faisant attention aux étiquettes… Mais je ne me rendais pas compte que j’achetais vite ! Donc je me suis engagée à attendre 24h avant de valider un achat, et si j’y revenais, en fait, c’est que j’en avais vraiment besoin. J’ai fait pas mal d’économies ! »


Les familles participantes ont aussi participé à une opération de désencombrement. Trop d’objets ne servent plus à rien dans nos tiroirs (50 à 100M de smartphones dorment chez nous) et nos armoires, alors qu’ils pourraient avoir une deuxième vie, en étant retapés, revendus ou tout simplement donnés. Après l’accompagnement, les ménages de l’étude se sont séparés d’environ un tiers de leurs objets ! Autant de biens qui ne devront pas être fabriqués, et donc de matières premières économisées. 

Les chiffres 



  • En moyenne, les foyers se sont séparés de 31% de leurs objets toutes catégories confondues et de 35 % de leurs textiles (vêtements et chaussures). Séparés de leurs objets, c’est-à-dire donnés ou revendus dans leur majorité, recyclés sinon. La mise à la poubelle n’a finalement été qu’exceptionnelle, ce qui représente, en moyenne par foyer, plus de 280 objets dont 176 vêtements.

  • Par foyer, on comptait 3 à 12 smartphones au début de l’opération, ramenés à 1 à 9 après. Selon l’ADEME, c’est entre 54 et 110 millions de smartphones qui dormiraient dans les tiroirs des Français. Pourtant, 2/3 d’entre eux seraient encore en état de marche et pourraient donc avoir une seconde vie.

  • Dans les foyers, environ 30 % des équipements électriques et électroniques « dormaient » puisque non-utilisés. Ils ont été sortis du foyer (très majoritairement recyclés pour 67% d’entre eux, 11% ont été vendus et 22 % donnés, preuve qu’ils fonctionnaient encore suffisamment).

  • 3 foyers se sont séparés de tous leurs équipements sportifs électriques (pour un total de 18 objets).

  • 5 foyers possédaient chacun plus de 9kg de connectiques informatiques et électriques : câbles ethernet, de chargeur, prises, etc.

  • En matière de mobilier, ce sont essentiellement la literie, les oreillers/couettes/coussins et petits meubles qui ont majoritairement été désencombrés.

  • 13 foyers sur les 21 ont des enfants de moins de 15 ans vivant à domicile. Ils cumulaient au départ 205 kg de petits jouets (figurines, jeux de construction..). A l’issue de l’opération, ils ont conservés 154 kg soit en moyenne 6kg par enfant.

  • Un foyer a gagné 1 880 € grâce à la vente d’objets divers (meubles, électroménager, vêtements…). Cependant, ce foyer fait office d’exception et la revente n’est pas la voie la plus utilisée par les foyers pour donner une seconde vie à leurs objets car celle-ci peut s’avérer compliquée : nécessité de trouver du temps (pour prendre les photos, poster l’annonce, etc.), coordination avec les potentiels acheteurs, difficulté de trouver les bons réseaux de vente et encombrement temporaire des espaces en attendant que les objets soient vendus, etc. Néanmoins, 15 foyers ont eu recours à la vente, pour 300 € en moyenne !

Une méthode simple et facile à retenir pour des achats réfléchis et raisonnés !