R-GDS : La crise du gaz nous concerne tous

Publié : 3 mai 2022 à 13h26 - Modifié : 4 mai 2022 à 17h32 par Sebastien Ruffet

Le gaz contribue au chauffage et à l'électricité

Crédit : @R-GDS

L'actualité internationale ne doit pas faire oublier que la crise énergétique a débuté l'an passé. Selon Martine Mack, la directrice de R-GDS, chacun peut apporter sa contribution, même en Alsace.

Il est grand temps d'arrêter de se cacher derrière les industries ou le gouvernement. La problématique de la consommation énergétique nous concerne tous, et c'est un véritable sujet de société, de vie commune, qui s'invite aujourd'hui sur la place publique. 


Tout d'abord, il faut tordre le cou à un chiffre véhiculé chez nombre de nos confrères : si la France n'est effectivement dépendante qu'à 17% du gaz russe, à titre personnel, elle a un devoir de solidarité vis à vis des autres pays européens. Si l'on raisonne à l'échelle de l'Union, c'est une dépendance à 40% de Gazprom & Co qu'il faut appréhender. La France a ainsi "dépanné" la Pologne par exemple, dont la totalité de son gaz vient de la Russie, et dont l'approvisionnement a été coupé par Moscou. 


Hausse des prix durable


En France, le gouvernement a établi un bouclier tarifaire pour contenir l'envolée des prix du gaz. Mais cette hausse nette des prix avait déjà commencé avant la crise en Ukraine, comme le rappelle Martine Mack, la directrice générale de R-GDS, le distributeur de gaz en Alsace : "La crise que l’on vit n’est pas directement liée à la guerre en Ukraine, elle est liée au fait que l’année dernière la demande a été plus forte que l’offre, et cela s’est traduit par une augmentation. Il est raisonnable de croire que les prix vont être durablement plus élevés. En 2020, avec la crise sanitaire on a eu une telle baisse de la demande qu’on payait l’énergie très peu cher. Je pense qu’il faut vraiment comprendre que 2020, c’est loin derrière nous. Savoir à quel niveau de prix ça va se stabiliser, je ne m’y risquerai pas, mais il faut se mettre à l’esprit que l’énergie a un coût, et qu’il faut travailler sur l’économie d’énergie. On ne pourra pas répondre à 100% de la demande si on est au même niveau de consommation d’énergie qu’aujourd’hui."


Si des stratégies sont en cours pour contourner le problème à moyen terme, le véritable enjeu se situe l'hiver prochain. Toutes les économies que nous pourrons réaliser, collectivement, seront autant de réserves pour assurer chauffage et électricité à l'hiver 2022-2023 - et on sait qu'il peut être long en Alsace par exemple. On parle aussi de l'électricité, puisqu'aujourd'hui 20% de notre lumière sont produits par des usines qui fonctionnent au gaz... 


Tenir bon l'hiver prochain


Martine Mack insiste d'ailleurs sur cet aspect à court terme, en considérant que "si on ne fait pas d’économies d’énergie, on ne peut pas exclure que le prochain hiver on ait des tensions sur la ressourse énergétique. Et je pense que personne n’a envie d’avoir des difficultés à se chauffer ou à s’éclairer. Donc si on veut ramener ces sujets internationaux à un niveau plus local, il faut comprendre qu’on a tous un rôle à jouer pour que le prochain hiver se passe au mieux et que les mesures qui sont décidées au niveau de l’UE pour diversifier les approvisionnements, dans un second temps, puissent « résoudre » définitivement ce problème."



Martine Mack


Pour 2023, puis 2024, des négociations sont en cours pour s'approvisionner en gaz du côté de la Norvège, du Maghreb, du Moyen Orient, mais aussi par les Etats-Unis, gros producteur de gaz naturel, et dont les exportations vers l'Europe ont encore un potentiel de développement avec les moyens actuels (transports par bateau et espaces de stockage dans les ports méthaniers). 


Si d'aventure la situation devenait vraiment tendue, les citoyens et les hôpitaux seraient les derniers touchés, comme l'a précisé un décret de mars 2022. "Ce n’est pas une décision locale ni une gestion locale. Si le gouvernement considérait qu’on avait un certain manque de gaz, il prendrait les mesures qui s’imposent : il demandera à certains industriels de ne pas avoir recours au gaz, et ça c’est une initiative du Préfet. Que les citoyens se rassurent. Seront concernés les centres de production d’électricité via le gaz, certains très gros industriels, et certains très grands centres commerciaux." Avec néanmoins des conséquences sur nos vies quotidiennes. Autant tous s'y mettre. 



 


Quelques chiffres à retenir 



  • Baisser le chauffage de 20°C à 19°C = -7% de consommation d'énergie

  • Laver son linge à 30°C = 2 fois moins d'énergie qu'un lavage à 60°C

  • Couvrir les casseroles pendant la cuisson = 4 fois moins d'électricité ou de gaz consommés

  • Eteindre tous les appareils en veille (avec une multiprise à interrupteur) : jusqu'à 10% d'économies à l'année