Hasnaa, réfugiée syrienne qui reconstruit sa vie en Alsace
Publié : 21 juin 2022 à 15h00 - Modifié : 23 juin 2022 à 9h35 par Julia Clementz
Hasnaa, une réfugiée syrienne de 50 ans, vit désormais à Strasbourg où elle travaille pour l'AMSED
Crédit : @Top Music
A l’occasion de la journée mondiale des réfugiés, nous sommes allés à la rencontre d’Hasnaa Salebe, âgée de 50 ans qui a fui la Syrie en 2014. Face à la menace de Daesh et du régime de Bachar el-Assad, cette mère de quatre filles a décidé de rejoindre Strasbourg. Retour sur son combat pour la liberté.
Tout a commencé en 2011, à Raqqa en Syrie, lorsque Hasnaa Salebe a pris part dans la révolution syrienne. Déterminée à vivre librement dans son pays, elle n’a pas hésité à participer à des manifestations contre le régime de Bachar el-Assad malgré les répressions. "On voulait juste être libre, personne ne pouvait être contre le régime. On ne nous jetait pas des canons à eau, mais on nous tirait dessus. Je voyais des manifestants tomber un à un à côté de moi", explique Hasnaa.
"Ma ville était détruite à 50 %"
Lorsque Daesh a pris le contrôle de sa ville, les conditions ont empiré pour Hasnaa et sa famille. Son mari, journaliste, n’avait plus le droit d’exercer et ses filles ne pouvaient plus aller à l’école. Ils vivaient dans la peur constante de perdre la vie à cause des bombardements. "Ma ville était détruite à 50 %. J’ai perdu des proches, comme ma belle-sœur. Un matin, en allant travailler à l’hôpital, une bombe est tombée à côté d’elle. Elle est morte sur le coup", déclare Hasnaa. En 2014, Hasnaa et sa famille se sont lancées dans un long périple afin de fuir cette guerre et de s’offrir une meilleure vie.
Le début d’un long parcours d’intégration
Ils décident de rejoindre la Turquie, où ils font une demande d’asile à l’ambassade française. En juillet 2016, ils arrivent à Neufchâteau, dans les Vosges. "C’était difficile pour nous là-bas, c’est très beau mais petit. Le problème c’est que quand les réfugiés arrivent, il n’y a pas de cours de français dans ces petites villes", affirme Hasnaa. Mais la famille Salebe a persévéré pour apprendre le français. Pour avoir plus d’opportunités et s’intégrer pleinement, ils ont rejoint Strasbourg en août 2019.
Une nouvelle et meilleure vie à Strasbourg
Aujourd’hui, tout roule pour Hasnaa et sa famille. Ses filles sont scolarisées, et l’une d’entre elle vient d’être admise à l’Université. Anciennement professeure de mathématiques en Syrie, Hasnaa a dû revoir sa carrière. Elle est aujourd’hui embauchée en CDD à l’AMSED à Strasbourg (Association Migration, Solidarité et Échanges pour le Développement). Elle accompagne les réfugiés qui arrivent à Strasbourg et elle propose des activités ludiques d’intégration. "Je suis très touchée face à eux. Je leur dis toujours : je suis comme vous. C’est difficile pour eux les premiers jours, ça les rassure. J’aurais aimé avoir la même chose", lance-t-elle.
Aujourd'hui, Hasnaa travaille à l'AMSED pour aider les réfugiés à s'intégrer. Crédit : Top Music
Ses trois premières filles viennent de demander la nationalité française, et son tour viendra. "Je veux le faire, c’est comme un rêve. Je dois encore améliorer mon français pour y arriver", dit-elle. Même si elle compte vivre en France pour le restant de ses jours, Hasnaa garde toujours l’espoir de retrouver une Syrie sans danger pour rejoindre ses proches, qui sont restés là-bas.