Cancer chez l'enfant, endométriose... Des fonds pour les chercheurs en Alsace
6 décembre 2022 à 10h08 par Sébastien Ruffet
Inconnue du grand public, la Fondation Force, emmenée par le docteur Jean Sibilia, professionnel reconnu à travers le monde, vise à donner des moyens financiers pour des recherches médicales innovantes, toujours en faveur du patient.
Fondée en 2017, la Fondation Force lance chaque année des appels à projets. Pour l’année 2022, sept projets ont été retenus, et ils se répartissent la coquette somme d’un million d’euros pour mener à bien leurs recherches.
1er Prix – Projet FOCUSO (For Children Use Only) – 150.000€
« Chaque année environ 2 400 nouveaux cas de cancers de l’enfant et de l’adolescent sont recensés en France dont 250 dans la région Grand Est. La moitié des patients sera traitée par radiothérapie (RT), le plus souvent après une première chimiothérapie. Chez des individus hypersensibles aux radiations ionisantes, la RT peut conduire à des toxicités aiguës et des séquelles non prévisibles dont l’impact physique, psychologique, social et économique est significatif. L’âge moyen du cancer de l’enfant étant de 5 ans, l’espérance de vie pour les 80 % d’entre eux susceptibles de guérir est longue, et l’incidence des complications liées à la RT pourrait dépasser celle de l’adulte (moins de 10 %). FOCUSO ouvre la perspective du dépistage des enfants hypersensibles à la RT et de la personnalisation de ce traitement – indispensable à la guérison avec un minimum de toxicité. »
2e Prix - Endométri_OSE 3D – 150.000€
« Visible Patient, porté par Luc Soler Visible Patient porte un projet contre une maladie chronique gynécologique qui touche environ 10 à 15% de la population féminine générale en âge de procréer : l’endométriose. Le traitement de l'endométriose est un véritable défi et il n’existe pas à ce jour de traitement permettant de guérir la maladie. L’une des propositions est le traitement chirurgical qui consiste à retirer toutes les lésions endométriosiques et qui est plutôt invasive pour le patient et qui peut entraîner certaines complications post opératoires. Cependant, il est difficile à partir d’une série de coupes 2D en niveau de gris (IRM) de percevoir efficacement l’ensemble des structures anatomiques au contact de l’endométriose. Si des solutions de traitement d’images médicales permettant la modélisation 3D des structures anatomiques et pathologiques existent, elles n’ont pas été appliquées avec succès aux endométrioses où le traitement des images IRM semble trop complexe. Visible Patient propose aujourd’hui de relever ce défi suite à une pré-étude réalisée sur 14 images IRM de patientes ayant démontré la faisabilité de la solution. Le projet développé par Visible Patient consistera donc à bâtir une base de connaissances par la modélisation 3D interactive d’endométrioses qui permettra d’entraîner l'algorithme à base d’Intelligence Artificielle à automatiser le processus. Grâce à l’expertise médicale de deux équipes de chirurgie gynécologique spécialisées dans les opérations sur les endométrioses (CHU de Strasbourg et Clinique Tivoli de Bordeaux), et à l’expertise scientifique de Visible Patient, ce projet sera mené en seulement deux ans. Il aboutira à l’unique offre de modélisation 3D préopératoire pour les endométrioses, devant améliorer sensiblement la prise en charge chirurgicale de cette pathologie. »
3e prix - Développement et validation d'un stimulateur tactile électronique – 100.000€
« L'exploration du système nerveux périphérique est essentielle pour le diagnostic des neuropathies périphériques. Dans cette optique, l'utilisation des filaments de von Frey se révèle trop fastidieuse et chronophage. L’objectif est de créer et valider un stimulateur tactile électronique permettant de contrôler des paramètres jusqu'ici inaccessibles (pression/force, durée de stimulation, vitesse/profondeur de pénétration, synchronisation avec des dispositifs électrophysiologiques de type électroneuromyogramme, électroencéphalogramme).
Le système qui est envisagé fonctionnera avec un moteur électrique et un système d'asservissement qui devra permettre le contrôle des stimulations avec une très haute précision et une grande fiabilité pour la mesure des seuils de sensibilité et de douleur tactile. L'automatisation des séquences de stimulations devra permettre d'établir un seuil de sensibilité/douleur tactile, selon la méthode des niveaux, en moins d'une minute par région cutanée. Un tel progrès sera d'un secours appréciable pour les professionnels de la santé et les patients dans la mesure où les neuropathies périphériques touchent près de 1% de la population générale et environ 7% des plus de 65 ans. »
- Prix de la Recherche 2022 : Microbulles vectorisées par des sidérophores : un outil théranostique contre les biofilms bactériens – 190.000€
« L’évolution a doté les bactéries de nombreux mécanismes pour échapper au stress chimique, mais les bacilles sont sensibles aux contraintes mécaniques et développent peu de contre-mesures efficaces. Ce projet permettra de détruire ces bactéries grâce à l’oscillation volumétrique (cavitation) de microbulles (MBs) sous ultrasons. Grâce à cette méthode, un ciblage plus précis des bactéries pourra être fait et permettra l’élimination des infections localisées. »
----------
> Trophées de l’investissement : La Fondation Force soutient deux startups locales incubées au sein de l'incubateur régional SEMIA, membre du réseau Quest For Change, par le renforcement de leurs fonds propres afin d’assurer leur développement et leur croissance.
- MirSens - Brightsens Diagnostic, porté par John Volke.
« Le projet a comme objectif de développer, par une technologie propriétaire à base de nanoparticules fluorescentes ultrabrillantes, des kits pour le criblage de biomarqueurs miARN, par simples mesures de la fluorescence. Ces kits permettront d’accélérer significativement le criblage à haut débit d’échantillons cliniques et venant de tumorothèques et sérothèques, soit par des centres d’oncologie et des entreprises privées. » – 300.000€
- SARI - Scaffold Actif Résorbable Intranasal - Combattre la sinusite chronique
« La sinusite chronique touche environ 12% de la population, soit 900 millions de patients dans le monde avec une incidence en constante augmentation du fait de la pollution, de l’expansion urbaine et de l’augmentation de la résistance aux antibiotiques. Dans plus de 90% des cas, cette pathologie est traitée via une prescription médicamenteuse (souvent à base de spray) avec un taux d’observance insatisfaisant de 50% et un taux d’échec de l’ordre de 20 à 30%. Environ 80% des patients éligibles à la chirurgie la refusent car elle est douloureuse et occasionne des dommages irréversibles (os et tissus). L’ambition de DIANOSIC est d’offrir une alternative à ces patients en échec thérapeutique avec une technologie innovante améliorant la qualité des soins apportés aux patients. Ce projet concerne le développement d’un dispositif intranasal libérant un principe actif (corticoïde) de façon ciblée pour traiter efficacement et durablement les patients souffrant de sinusite chronique, après échec des traitements médicamenteux ». – 250.000€
- Prix Spécial Robert Lohr : De l’imagerie multimodale du segment fémoropoplité vers le traitement de l’artériopathie centré sur la lésion – 200.000€
« La prise en charge endovasculaire est considérée comme le traitement de choix de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) à l’étage fémoro-poplité. En effet, il n’existe pas un seul type de lésion spécifique à l’AOMI, regroupant à la fois des plaques calcifiées, des plaques molles, des bourgeons calciques, du thrombus. Cependant, à l’heure actuelle, il n’existe pas de moyen non-invasif qui permette de différencier précisément les lésions retrouvées le long du segment fémoro-poplité. L’objectif de ce projet est de développer de l’imagerie non invasive du segment fémoro-poplité, et ensuite de manière plus large de tous les vaisseaux, par l’utilisation du microscanner et sa corrélation histologique. À travers le prix de la Fondation Force, GEPROVAS aimerait poursuivre cet axe d’étude avec l’analyse multimodale de segments fémoropoplités, afin d’affiner leurs connaissances histologiques et les corréler au scanner clinique pour créer une base de données plus importantes permettant une analyse de plus en plus fine de ces lésions .Ainsi développer l’imagerie non invasive du segment fémoropoplité permettrait de recueillir des données sur le type de plaque, mais d’avoir un diagnostic histologique à partir du scanner et ainsi orienter soin choix thérapeutique en fonction de la lésion sous-jacente. »
A LIRE AUSSI
> Octobre Rose : notre podcast santé autour du cancer du sein avec le Pr. Carole Mathelin