Le retable d'Issenheim, quatre ans plus tard
Publié : 23 juin 2022 à 13h26 par Sebastien Ruffet
Réalisé entre 1512 et 1516, il a bénéficié 500 ans plus tard d'une exceptionnelle restauration globale. Sous vos yeux émerveillés, mesdames et messieurs, le Retable d'Issenheim.
Sans se mentir, tous les Alsaciens ne savent pas qu'ils possèdent, près de chez eux, une oeuvre majeure de la Renaissance. Le Retable d'Issenheim, réalisé entre 1512 et 1516 par le peintre Grünewald et le sculpteur Nicolas de Haguenau, est la pièce maîtresse du Musée Unterlinden de Colmar, et attire, à lui seul, des dizaines de milliers de visiteurs chaque année. Après 300 ans dans son jus, il a fait l'objet d'un suivi et de petites restaurations depuis le 18e siècle, mais en 2003 et en 2006, il a été constaté que les peintures étaient particulièrement encrassées. Les couleurs de Grünewald ne donnaient plus leur pleine mesure, sous les différentes couches de vernis oxydés, appliqués au fil des siècles. En 2013, une étude a été menée sur un projet global : panneaux, peintures, encadrement, structure, caisse... Plusieurs équipes techniques ont postulé, et c'est finalement en 2018 qu'ont pu commencé les travaux, avec deux équipes composées de professionnels restaurateurs d'art et historiens français, allemands et suisses. Des pointures en somme.
D'après le communiqué enthousiaste du Musée Unterlinden, "les visiteurs qui prendront le temps de bien regarder le Retable pourront découvrir de nouveaux détails surprenants cachés auparavant par les vernis ou les repeints : un ciel noir épais maintenant bleu nuit, zébré de nuages gris et noir, l’ample chevelure qui se redessine dans le dos de Marie Madeleine, une larme qui se devine sur la joue de la mère du Christ, la subtilité retrouvée des carnations des sculptures… autant de raisons de se rendre à Colmar pour (re)découvrir ce chef-d’œuvre et sa jeunesse retrouvée."
Un week-end spécial
Pour fêter cette renaissance du Retable, le Musée Unterlinden propose un week-end d'événements, du 30 juin au 3 juillet, "Le Retable et ses artistes". Des visites, des performances, des concerts viendront rythmer les quatre jours ainsi qu'une expo photo avant / après tout simplement bluffante.
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Les animations
> Concert dialogué
30/06 | 18h30 et 20h, durée | 1h15
25 € tarif plein, 10 € réduit, gratuit pour les moins de 12 ans
L’ensemble médiéval Vox In Rama, en dialogue avec le peintre Daniel Schlier, invite à redécouvrir le Retable d’Issenheim selon une formule de concert-conférence originale.
Les auditeurs entendront notamment les louanges que les chanoines antonins pratiquaient en l’honneur de saint Antoine l’Égyptien, dont le retable retrace la vie légendaire. Ces petits concerts s’entrelaceront avec des présentations commentées du retable.
> Chorégraphie
2/07 | 14h30, durée 15 mn
Tarifs | Entrée du musée
Bruno Bouché, directeur du CCN•Ballet de l’Opéra national du Rhin, met en espace, face au Retable d’Issenheim, la chorégraphie Bless – ainsi soit-IL qu’il créa en 2010 en écho à la peinture murale peinte par Delacroix pour l’église Saint-Sulpice à Paris, La Lutte de Jacob avec l’Ange. Deux danseurs interprètent un extrait de ce duo entre Jacob et l’Ange porté par la musique de Johann Sebastian Bach.
> Visite dansée
2 et 3/07 | 18h30 et 20h, durée 30 min
15 € tarif plein, 8 € réduit, gratuit pour les moins de 12 ans
La chorégraphe-danseuse Aurélie Gandit (compagnie La Brèche) commente et interprète le Retable d’Issenheim par le texte et la danse, à travers un parcours sensible.
Le mouvement dansé se déploie dans l’espace entre la personne qui regarde et l’oeuvre, entre la compréhension et la sensation, là où le corps et l’esprit se retrouvent. La visite dansée pour le Retable d’Issenheim est l’occasion pour Aurélie Gandit de travailler au corps la force émotionnelle, la qualité picturale et l’expressivité remarquables de ce polyptique monumental.
> Performance théâtrale
3/07 | 14h et 16h, durée 30 min
La Comédie de Colmar et sa jeune troupe de comédiens proposent deux courts spectacles qui questionnent le Retable d’Issenheim et interrogent son potentiel politique autant que sa puissance poétique. Activant la persistance rétinienne, ces performances théâtrales invitent les visiteurs à regarder autrement et s’approprier l’œuvre, s’en imprégner sans se sentir impressionnés.