Pas assez de chasse sur le Ballon des Vosges

C'est un message qui risque de ne pas faire plaisir à une part grandissante de la population, qui voit dans la consommation de viande un vrai problème de société. Si les questions liées à l'élevage intensif peuvent être légitimes, elles s'appliquent peut-être moins aux animaux sauvages. Et pourtant. La consommation de gibier connaît une courbe atone en France, puisqu'elle ne représente que 1% de la viande vendue dans le pays (44700 tonnes en 2021). 

Avec une pression moins importante, des accès à la nourriture facilités, les populations de gibier ont tendance à se multiplier, au grand dam, bien souvent, des agriculteurs, qui dénoncent chaque année les dégâts occasionnés par les sangliers notamment. Il est de moins en moins rare de voir des ongulés se promener près des villes. Et au coeur de la nature, aussi, les dégâts peuvent être conséquents, c'est ce que dénoncent huit organisations comme la FDSEA, les Jeunes Viticulteurs, mais aussi Alsace Nature, preuve que le sujet est plus vaste que la seule question "amateur de civet vs végétarien". 

"Mise en péril de la santé de nos écosystèmes"

Les explications, par voie de communiqué : "[...] Les forestiers, agriculteurs et gestionnaires du Parc régional des Ballons des Vosges constatent que la surpopulation d'ongulés cause des dommages considérables aux arbres et nuit à la régénération des forêts, à la flore, aux habitats des autres espèces sauvages, et aux cultures. Ce déséquilibre engendre une perte de biodiversité, qui met en péril la santé de nos écosystèmes.  
Les efforts considérables déployés par nos forestiers pour sauver la forêt seront vains si rien n’est fait pour réguler les gibiers : clôturer toutes les jeunes parcelles sylvicoles coûterait trop cher ; déployer les nouvelles méthodes de plantation est impossible : la « sylviculture mélangée à couvert continu », plébiscitée par les instances forestières comme les associations de protection de la biodiversité, est impossible quand les jeunes plants sont soumis à une trop forte pression du gibier [...]."

Les 8 signataires (Association des propriétaires forestiers privés Fransylva Alsace, Parc Régional Naturel des Ballons des Vosges, Association des communes forestières d’Alsace, Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles, Jeunes Agriculteurs, Association des Viticulteurs d’Alsace, Chambre d’Agriculture d’Alsace, Alsace Nature) appellent ainsi à un plan d'action: 

 - Que les chasseurs s'engagent plus activement dans la régulation de ces espèces, en réalisant au moins les minimas de tir décidés par la commission départementale de la chasse et de la faune sauvage

- Que les communes, qui louent les lots de chasse au nom des propriétaires ruraux, y veillent

-  Que l’Etat de renforcer cette démarche en missionnant les louvetiers, afin qu’ils appuient les chasseurs dans leur mission de régulation dans les lots où les quotas ont du mal à être atteints par les chasseurs. 

La question est désormais soulevée, et le message lancé aux amateurs de bonnes viandes serait donc de se tourner davantage vers le gibier, dont la traçabilité est totale, la viande goûteuse, et le circuit évidemment court. Revenir aux produits de la chasse, c'est un peu revenir vers la nature, en assurant l'équilibre fragile de ce grand ensemble qui nous dépasse parfois.