Un Bar Truck qui rassemble

19 août 2024 à 14h01 - Modifié : 21 août 2024 à 9h43 par Tom Herga

La bière tirée par Clément provient de la Brasserie Guth à Saint Maurice
La bière tirée par Clément provient de la Brasserie Guth à Saint Maurice
Crédit : Top Music - TH

Le Bistrot de villages a vu le jour en août 2022. Installé dans un camion, le bar se déplace chaque semaine dans trois villages bas-rhinois. Avec une carte 100 % locale, Clément veut recréer du lien social entre les habitants des villages et ainsi donner une véritable bouffée d’air aux personnes isolées.

Au volant de son camion, Clément Nicaud, le créateur du Bistrot de villages, sillonne les routes bas-rhinoises et s’installe sur les places de villages pour y proposer bières, vins, tartes flambées ou encore planchettes apéritives. L’ensemble de ces produits est sourcé auprès de producteurs indépendants alsaciens, allant de la knack en passant par la bière, jusqu’aux jus de fruits. « J’ai une bière blonde d'un micro-brasseur et une blanche que je change à chaque passage, du vin produit par un vigneron indépendant, même chose pour le crémant. Tous mes softs sont produits à Soultzmatt (Lisbeth) et mes jus de fruits viennent du coin. L’idée, c’est vraiment de travailler en circuit court et de mettre en avant notre terroir qui est très riche. Ce n’est pas parce que c’est local que c’est plus cher qu’en grande distribution, c’est d’ailleurs souvent le contraire », affirme Clément.

Les produits locaux proposés par le Bistrot de villages / @TopMusic - TH

« De base, je ne suis pas dans la restauration ! »

En élaborant ce bar itinérant, l’originaire de Fegersheim réalisait un véritable saut dans l’inconnu. « De base, je ne suis pas dans la restauration ! », sourit le gérant. Clément a d’abord fait des études de commerce à Bordeaux et a travaillé pour TF1 à Paris avant de revenir sur ses terres alsaciennes au moment du COVID. Il a toujours voulu tenir un bar et en redécouvrant les établissements strasbourgeois, Clément était plutôt déçu par l’offre de choix proposée. « À Strasbourg, les bars ne mettent pas vraiment les producteurs du coin en avant. Comme ce sont des grands groupes qui tiennent les cafés, hôtels, restaurants, on mange et on boit souvent les mêmes choses », explique-t-il. Il décide alors de se lancer dans la création d’un bar et commence à démarcher des producteurs. Il se rend très vite compte que la plupart de ces producteurs sont situés dans des petits villages, loin de la ville. C’est à ce moment-là qu’il comprend quil n’existe quasiment plus de bistrot dans les villages.

La carte du Bistrot de villages / @TopMusic - TH

Des mairies en demande

L’idée de transformer un bar classique en bar itinérant commence à germer. Il décide alors de se lancer et contacte les mairies de petits villages avoisinants Fegersheim. « Les maires ont tout de suite été emballés par le projet. Même si nous n’avons pas de contrat, les mairies nous aident énormément. Ils nous prêtent des bancs pour agrandir ma terrasse parce qu’elle ne peut accueillir qu’une vingtaine de personnes. Bien sûr elles me prêtent l’emplacement, mais on repartage aussi souvent mes publications sur les réseaux », détaille Clément. Le bar-truck permet de resserrer les liens entre les habitants qui ont l’habitude de se croiser uniquement aux rares manifestations de la commune. « Le Bistrot de villages amène surtout du lien social, dans un petit village on a malheureusement plus de bistrot, bar ou restaurant qui permettent aux habitants de se rassembler. La régularité dans cette période estivale amène vraiment un moment très convivial et agréable pour nos villageois. », raconte Grégory Gilgenmann, maire d’Ichtratzheim. Agnès, habitante d’Ichtratzheim, vient sur la terrasse du « BDV » pour fêter l’anniversaire de son petit-fils de 12 ans. « On le fait ici parce que ce n’est pas loin, les enfants peuvent jouer sur le terrain de sport juste devant, on connaît les gens, les produits sont locaux, l’ambiance petit village avec pas trop de monde c’est vraiment bien. En fait, je trouve que le concept est super », livre-t-elle.

La terrasse de Clément à Ichtratzheim avec une vingtaine de places assises / @Meta - Mairie d'Ichtratzheim

« Après le Covid c’est exactement ce qu’il nous fallait »

 Il existe de moins en moins de lieux pour se retrouver et partager un verre.  D’après l’INSEE, il y avait 42 000 débits de boisson au 1er janvier 2021 contre 200 000 dans les années 60. Une tradition qui se perd tout doucement. « J’aime boire un coup, retrouver les habitants, ça crée du lien social après le COVID c’est exactement ce qu’il nous fallait. C’est la bonne occasion de retrouver des gens que tu ne connais pas trop pour faire connaissance et tisser des liens avec eux. C’est presque dommage qu’il ne vienne seulement une fois tous les 15 jours ! », avoue Christophe, un habitué de la terrasse. Clément se rend dans six villages en période estivale de juillet à fin septembre : trois en semaine paire (Diebolsheim, Hindisheim, Ichtratzheim) et trois en semaine impaire (Uttenheim, Friesenheim, Limersheim). En période printanière, le Bistrot de villages se rend dans d’autres communes. Le week-end, Clément privatise son camion et assure un service pour différents événements comme des mariages ou des anniversaires. Le reste du temps, il réfléchit à sa carte qu’il élabore dans son atelier, le garage de ses parents ! Et renouvelle ses supports de communication.

Exporter le concept hors de l’Alsace

Clément se rappelle de ses débuts : « C’était sportif ! Lors de mes premiers services il y avait une centaine de personnes. Quand on n’est pas de la profession comme moi, il faut s’accrocher ! », se remémore-t-il. Le premier service avait lieu dans la commune de Limersheim. Son maire, Stéphane Schaal, a présenté le concept à l’un de nos confrères des DNA. Un petit « buzz » parce que depuis Clément en a fait des interviews ! Le Bistrot de villages est passé dans le JT de M6, de TF1 ou encore dans l’émission 7 à 8. Un bon coup de projecteur pour l’originaire de Fegersheim qui a pour projet d’exporter son concept en-dehors de l’Alsace en créant des franchises. « Il y a beaucoup de villages qui me demandent de venir. L’idée serait de faire une franchise pour avoir plus de camions. J’ai refusé 50 prestations privées cette année et certaines demandes en 2025 sont déjà refusées parce que les dates sont prises. Avoir d’autres camions me permettrait de faire plus de villages la semaine et plus de prestations privées le week-end », conclut Clément entre deux planchettes apéritives.